Sous les masques, figurant les animaux représentés dans La Dame à la licorne, quatre danseuses retissent sur scène les six panneaux de la tapisserie. Retissent et détissent, puisque Gaëlle Bourges ne se contente pas de convoquer la face connue de cette oeuvre du Moyen Âge. Donnant à son spectacle le titre du sixième tableau, elle condense l’ambivalence caractéristique de l’époque et en dévoile les multiples interprétations qui s’y entrelacent. Par exemple la licorne, être chaste qui ne se laisse approcher que par des êtres purs, toujours postée aux côtés de la jeune dame dans la tapisserie, devrait certifier sa virginité. Pourtant, sa corne est elle-même sujet à controverse ; sans compter, non loin, la présence d’un chien, d’un lion, d’un renard, d’un singe et surtout de trente-cinq lapins, qui répandent, sur fond rouge garance, des valeurs moins pieuses qu’elles n’y paraissent. Sur l’autre face, la vierge qui tend la main vers le coffre à bijoux pourrait être autre que vierge, surtout quand le sixième panneau de la tapisserie s’ouvre sur un large horizon de lapins, justement. Par la précision du geste et la puissance du nombre, A mon seul désir ravive images anciennes et histoire de la pensée.
Gaëlle Bourges a suivi des études de lettres modernes et d’anglais, tout en se formant à plusieurs techniques de danse depuis l’enfance.Créant ses premiers spectacles au sein de la Compagnie K., elle cofonde ensuite le Groupe Raoul Batz, auteur entre 2000 et 2005 de la série de performances intitulée Homothétie 949 ou les contours progressifs de l’index 10, qui interrogeait déjà, par la danse, les rapports entre regard, représentation des corps, histoire de l’art et histoire des formes scéniques. À sa dissolution, Gaëlle Bourges suit un cursus en arts du spectacle à l’université Paris VIII, cofonde l’association Os et exerce quelque temps dans un théâtre érotique. Elle crée, à partir de cette expérience, Je baise les yeux, une conférence-démonstration sur le métier de stripteaseuse, coécrite avec trois fidèles compagnons – Marianne Chargois, Alice Roland et Gaspard Delanoë. S’ouvre alors le triptyque Vider Vénus, complété par La belle indifférence en 2010 et Le verrou (figure de fantaisie attribuée à tort à Fragonard) en 2013. Gaëlle Bourges signe aussi En découdre (un rêve grec) en 2012, Un beau raté en 2013 et 59 en 2014.
Conception et récit Gaëlle Bourges
Musique XTRONIK, Erwan Keravec
Lumière Abigail Fowler, Ludovic Rivière
Costumes Cédrick Debeuf, Louise Duroure
Masques Krista Argale
Accessoires Chrystel Zingiro
Avec Carla Bottiglieri, Gaëlle Bourges, Agnès Butet, Alice Roland et la participation de figurants
Production Os
Accueil-Studio Ballet du Nord Centre chorégraphique national de Roubaix Nord-Pas de Calais, Centre chorégraphique national de Tours, Festival Rayons Frais Tours
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France, Adami, Le Vivat Scène conventionnée d’Armentières, Fondation BNP Paribas
Avec l’aide de la Ménagerie de Verre dans le cadre de Studiolab, La Briquetterie Centre de développement chorégraphique du Val-de-MarneFestival d’Avignon 2015
Du 14 au 21 (sauf le 17)
Gymnase du lycée Saint-Joseph
18h
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