Dernier week-end du festival de danse de Cannes sous la houlette de Brigitte Lefèvre. Avec un Beach Birds remonté par le CNDC d’Angers rendant honneur à Merce Cunningham. Récit.
Dans les entrailles d’un hôtel chic sur la Croisette, il faut choisir entre un casino et un… théâtre. Autant dire que ce vendredi là c’est une étoile qui remporta la mise. Alessandra Ferri est une authentique star du ballet, adulée dans son pays l’Italie tout comme à Londres ou New York. La France a été moins généreuse avec elle -on se demande pourquoi. La voir sur scène assumant sa vie de danse est un plaisir rare. Le genre de ballerine qui ferait aimer la danse simplement en enchaînant des exercices à la barre ! Pour ce programme sous la former d’un Trio ConcertDance La Ferri dialogue avec le danseur Herman Cornejo et le pianiste Bruce Levingston. Le travail des bras est l’un des atouts de l’italienne qui excelle dans ce genre. Senza Tempo de la chorégraphe Fang-Yi Sheu est du sur-mesure pour Alessandra Ferri petit fille un instant puis suprême étoile au final. Mais c’est Entwine de Russell Maliphant qui fait le plus d’effet. Tout en subtilité ce duo sur une partition de Philip Glass joue sur les appuis et l’abandon. Cornejo paraît porter sa partenaire sans effort. Une danse comme un songe. La soirée se termine par un extrait du Parc d’Angelin Preljocaj : un long baiser, puis s’ensuit un tour sans fin, Ferri « pendue » au coup de Cornejo. Alessandra Ferri non sans malice avouera par la suite qu’elle n’a sans doute plus l’âge du rôle -cette amoureuse éperdue. Elle ajoute à cette courte chorégraphie autre chose : une âme.
Dans la foulée le Festival proposait une soirée Merce Cunningham avec Inlets 2 et Beach Birds. Courageux. On sait que l’art de Cunningham reste indéchiffrable pour beaucoup. On a senti d’ailleurs dans la salle du Palais des Festivals une raideur dans le public. Inlets 2 avec une partition de John Cage pour coquillages est une pièce zen : du jaune en fond de scène aux collants légèrement irisés il n ‘y a pas une faute de goût. Bien dans la manière Cunningham c’est une succession d’équilibres sur un pied, de sauts comme arrêtés dans l’espace. Les danseurs du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers manquent un peu de rigueur sur la durée. Beach Birds suivant est lui à la hauteur des espérances. Robert Swinston ancien de la Merce Cunningham Dance Company désormais à la tête du CNDC a invité Ashley Chen : le danseur repéré chez Charmatz ces derniers temps a croisé la route de Merce dans les années 2000. Il est impérial et avec lui la dizaine d’interprètes. Ce ballet d’oiseaux, avec des combinaisons bicolores, du noir pour les bras, du blanc pour les jambes, émerveille comme jamais. Dans une séquence un quatuor est saisi dans une ronde comme un hommage à la danse de Matisse. Plus loin ce sont des battements de mains ou de pieds comme des citations d »un livre d’images très nature. Surtout le mouvement selon Cunningham demande beaucoup aux solistes. Qui ce soir là ont gagné la partie. Le Festival de Danse de Cannes va se refermer avec Maud Le Pladec et un Carmina Burana selon Claude Brumachon. Mais c’est bien les Beach Birds de Mister C qui auront survolé ces 15 jours de danse.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Festival de Danse de Cannes : samedi 16 décembre Professor de Maud le Pladec à 18h. Carmina Burana de Claude Brumanchon à 20h30
Dimanche 17 deé ba./exe de Anne Nguyen suivi d’un bal participatif
www.festivaldedanse-cannes.comBeach Birds et Inlets 2 chorégraphies Merce Cunningham seront repris au Théâtre de Chaillot Paris du 30 mai au 2 juin 2018
J’ai très apprécié ce festival dans son ensemble. J’ai surtout aimé la courte chorégraphie avec Alessandra Ferri. Cette petite représentation m’a vraiment surpris et elle était parfaite dans son rôle.