Kunstenfestivaldesarts se déroulera du 10 mai au 1er juin 2019 à Bruxelles, voici les grandes lignes des créations de la programmation
Le festival s’ouvre avec une entreprise musicale exceptionnelle : le nouveau travail de François Chaignaud et Marie-Pierre Brébant qui rendent hommage à Hildegard von Bingen, mystique, guérisseuse et musicienne du moyen-âge. Dans Symphonia Harmoniæ Cælestium Revelationum, ils ont appris par coeur l’oeuvre musicale de Hildegard et la réinterprètent pour le public. Trois heures par jour, Chaignaud et Brébant partagent avec l’audience de la chapelle des Brigittines, les surprenantes anomalies tonales de ses mélodies, dans une tradition musicale qui a disparu avec le canon moderne. Symphonia Harmoniæ Cælestium Revelationum révèle une perspective inhabituelle sur les racines de la civilisation occidentale et nous invite à ré-examiner la complexité de chaque culture au-delà de la vision réduite que l’on peut en avoir.
Les artistes français Anne Lise Le Gac et Arthur Chambry nous proposent de relever le défi contemporain qui consiste à apprendre comment parler et être compris sans nécessairement partager la même langue dans Ductus Midi, une co-production du festival qui souligne la première performance internationale des deux jeunes artistes. Ductus Midi est une conversation envoûtante dans laquelle différents langages, comme par exemple le chant des oiseaux et le nôtre, sont traités sur un pied d’égalité et composent un monde singulier où redécouvrir de nouveaux procédés d’apprentissage.
Dans Conversation without words (Conversation sans mots), Lotte van den Berg nous renvoie au moment du premier souffl e, d’avant la parole. À Molenbeek, près du centre du festival, trois
groupes de spectateurs sont réunis dans des espaces différents afin de partager une conversation sans mots ; une invitation à apprendre à parler en silence, en portant l’attention sur l’échange des regards et qui débouche sur un dialogue inattendu.
Dans les espaces industriels de Kanal–Centre Pompidou (avant la fermeture pour travaux), Marcelo Evelin joue avec ces limites entre distance et proximité, en associant les spectateur·rices·s et les artistes de cette édition dans une occupation des lieux instinctive et animale. Progressivement, il nous fait prendre conscience de l’impact de notre présence dans un environnement où les contours de la scène sont imprécis. Il se pourrait que ce soit une conversation préexistant l’invention du langage.
Dans une autre partie du musée, Trajal Harrell présente Dancer of the Year. Pour sa première apparition au festival, Harrell part d’un point de vue privé : sa réfl exion sur le phénomène d’auto-satisfaction déclenché par le fait que le magazine Tanz l’a consacré « Danseur de l’année » en 2018. Cette nomination permet l’exploration de plusieurs possibilités: une chorégraphie d’une part et de l’autre une installation performative sous les allures d’une boutique dans laquelle Harrell interfère
avec les visiteurs pour mettre en vente des biens personnels d’une valeur inestimable, comme des objets de famille. Des questions à propos de l’origine et de l’héritage, du mérite et de la valorisation de l’art relient le solo de danse à l’installation.
Federico León laisse aussi l’audience déambuler dans un monde parallèle où toutes sortes de choses se produisent, comme si on se retrouvait par hasard au milieu d’une foire ou d’un rassemblement public. Petit à petit, cependant, un certain ordre émerge du chaos. Entre les lignes, au milieu de l’occurrence d’événements a priori sans rapport, une connexion cachée surgit, initiée par une pratique de connaissance de soi qui combine rituels, jeux d’enfants, souvenirs et rêves.
La chorégraphe bruxelloise Louise Vanneste esquisse les lignes d’une carte dansée, entre installation et performance. Pour atla, elle part de la lecture de Vendredi ou les limbes du Pacifi que de Michel Tournier : un environnement imaginé invite le·la spectateur·rice à entrer et à franchir les limites diffuses entre monde intérieur et extérieur, entre géographie réelle et illusoire.
Comment les adolescent·e·s parlent-ils·elles d’amour ? Les élèves de deux écoles secondaires de Bruxelles se sont rencontrés une fois par mois pendant un an et sont devenus The Class pour rechercher, avec l’artiste Anna Rispoli, le rapport entre autorité, intimité et amour bien au-delà de la simple association avec les relations sentimentales. Il en résulte une série de conversations que le groupe a sélectionnées, montées et ré-enregistrées pour fi nalement les partager avec le public. Au théâtre de La Monnaie/De Munt, chaque spectateur·trice, guidé par une voix dans l’oreille, va rejouer un échange en tête-à-tête avec un des jeunes co-auteurs. C’est une conversation qui a déjà eu lieu et qui pourtant va se reproduire au présent dans cette nouvelle rencontre intime.
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