La mythique comédie musicale Guys and Dolls est montée pour la première fois en France. Stephen Mear signe une mise en scène parfaite pour la scène exiguë du Théâtre Marigny. Même s’il a essayé de gommer le côté machiste du livret, le spectacle reflète ces temps maudits où les femmes devaient incarner de parfaites maitresses de maison.
1200 représentations à Broadway, cinq Tony Awards en 1951, Guys and Dolls est une comédie musicale mythique qui a connu ensuite une version cinématographique en 1957 signée Joseph L. Mankiewicz avec Marlon Brando, Frank Sinatra, Jean Simmons et Vivian Blaine. Jean-Luc Choplin, directeur de Marigny, ardent défenseur des grands classiques de Broadway se devait de produire ce spectacle. Il arrive à point nommé pour redonner un peu de baume au cœur à l’équipe de Marigny qui n’a pas été épargnée depuis le mois de novembre par la situation sociale et la crise des gilets, devant fermer les portes du théâtre plusieurs samedis de suite. Ces événements ont d’ailleurs conduit la direction à annuler la création de A love suprême de Xavier Durringer dans la mise en scène de Dominique Pitoiset.
Ce Guys and dolls est dans la lignée de tous les succès de Jean-Luc Choplin lorsqu’il dirigeait le Théâtre du Châtelet. La mise en scène a été confiée à un grand spécialiste du genre, le chorégraphe Stephen Mear qui avait signé au Châtelet Singin’ in the Rain en 2015 et 42nd Street en 2016. Stephen Mear ne commet pas l’erreur d’Emilio Sagi pour la création de Peau d’âne qui avait voulu faire de Marigny un petit Châtelet et mettre beaucoup trop de choses sur scène. Le plateau ne le permet pas. L’américain a eu l’intelligence de le laisser presque nu pour permettre aux danseurs et aux chanteurs de laisser agir leur talents. La scène respire. Le décor léger, composé de panneaux amovibles éclairés d’ampoules qui rappellent les enseignes de la 42e rue, est élégant.
Dans Guys and Dolls deux mondes se confrontent: des truands newyorkais et une mission religieuse équivalente à l’Armée du Salut. Nathan Detroit, le patron d’un tripot met au défi Sky Masterson, parieur invétéré, de séduire Sarah Brown, l’une des missionnaires. C’est aussi l’affirmation du mâle dominant sur la gente féminine. Adelaïde, fiancée depuis quatorze ans à Nathan Detroit se réjouit de la perspective du mariage pour enfin s’occuper du domicile conjugal ! Les rôles féminins sont certes un peu plus affirmés qu’ils ne devaient l’être à la création, mais Stephen Mear n’a pas pu effacer tous les relents machistes du livret.
James McKeon dirige avec fougue l’orchestre du Théâtre Marigny. Ria Jones emporte tous les suffrages du public dans le rôle d’Adelaïde. La galloise qui au début de sa carrière a été la plus jeune chanteuse à interpréter le rôle d’Eva Peron dans Evita est remarquable, tout comme son mari à la scène, Christopher Howell. L’autre couple formé par Clare Halse et Matthew Goodgame est un peu plus effacé, mais il parvient à se fondre dans une troupe totalement équilibrée et juste. On a vraiment le sentiment pendant 2h30 d’avoir fait un aller-retour express Paris-New-York pour assister à un bijou de Broadway !
Stéphane CAPRON – wwww.sceneweb.fr
GUYS AND DOLLS
Une fable musicale sur Broadway
D’après la nouvelle et les personnages de Damon Runyon « The Idyll of Miss Sarah Brown » et « Blood Pressure »
Musique et Lyrics
Frank Loesser
Livret
Jo Swerling
Abe Burrow
Mise en scène
Stephen Mear
Décors et costumes
Peter Mckintosh
Casting
Stephen Crockette CDG pour David Grindrod Associates
Orchestre et Chœur du
Théâtre Marigny
En accord avec Drama-Paris
Pour le compte de Music Theatre international (Europe)
Durée: 2h45 avec entracteCréation et production Théâtre Marigny
120 représentations
Du 13 mars 2019 au 27 juillet 2019
En soirée à 20h et en matinée à 15h le samedi et 16h le dimanche
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