Tous les objets qui nous entourent ont tendance à devenir “smart”, des smartphones aux smart grids en passant par les smart cities et les inénarrables smart shoes. Cette smartification
du monde se développe grâce à un ensemble de processus d’apprentissage intégrés aux appareils eux-mêmes.
Dans Of balls, books and hats, quatre danseurs/acteurs donnent à voir des expériences clés à l’origine de cette évolution.
À la fois expérimentateurs et sujet d’expérience, les performers interprètent une gamme de processus d’apprentissage allant de la reconnaissance des mouvements sportifs aux techniques de négociation d’achat et de vente.
Pour assimiler et créer de nouveaux comportements, le petit groupe de performers explore une série de poses corporelles, de sauts ou de marches évoquants parfois les Silly Walks des Monty Python. Quant aux discussions qui émanent d’une recherche récente de Facebook, elles donnent à entendre des négociations commerciales entre humains singés par des programmes avec plus ou moins de succès. Grâce à un traitement statistique, ces robots doivent pouvoir vendre ou acheter de manière plus efficace des ballons, des livres ou des chapeaux. Ionesco aurait apprécié le challenge.
Gestes et paroles codifiées, transférées à des machines ignorant tout du contexte culturel, produisent autant de dérapages ou d’erreurs inattendues, contrefaçons comportementales aux accents comiques.
Dans cet étrange laboratoire, les corps sont mécaniques et enfantins, précis et stupides, comme s’ils n’avaient qu’une conscience très vague des règles de la physique ou des règles sociales.
Si les dispositifs techniques imprègnent les corps, ils sont toujours absents du plateau ou évoqués sous la forme d’un bricolage sommaire. C’est bien l’impact de ces technologies sur les corps et leurs agencements qu’il s’agit de mettre en scène. Pour éclairer les conséquences de l’invasion progressive des intelligences artificielles dans nos vies quotidiennes une voix off
commente, par intermittence, les gestes des performers ou intervient, en contrepoint de l’action, augmenter la série d’expériences pour en décrire les conséquences plus larges. Et elles risquent de changer le monde d’une manière moins enchanteresse que ce que veulent bien en dire les chantres de la Silicon Valley.
Qu’est-ce que le déploiement de ces systèmes à grande échelle fera au corps et à la raison ?
Of balls, books and hats
conception • Julien Prévieux
avec • Jonathan Drillet, Harold Henning, Anne Steffens et Julia Perazzini
voix off • Frédéric Poinceau
production • actoral, bureau d’accompagnement d’artistes
coproduction • ménagerie de verre
avec le soutien de • Mécènes du Sud
remerciements à Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
Julien Prévieux est représenté par actoral, bureau d’accompagnement d’artistes.
Performance créée les 29 et 30 septembre 2018 à La Friche la Belle de Mai (Marseille)
dans le cadre du festival actoral.
En savoir plus : www.previeux.net
Des extraits de ce spectacle seront présentés au CN D centre national de la danse dans le cadre
d’Occupation Artistique le 26 janvier 2019
© Betty Bogaert
durée : 1hÉtrange Cargo 2019 à la Ménagerie de Verre
29 & 30 mars 2019 – 20h30
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