Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Amnesia, dernier acte de résistance de l’ère Ben Ali en Tunisie au Festival d’Avignon

Agenda, Amiens, Festival d'Avignon, Les interviews, Lyon

Amnesia © Mohamed FRINI

 

Fadel Jaïbi et Jalila Baccar fêtent leur liberté retrouvée. Les deux dramaturges tunisiens ont présenté en France leur spectacle « Amnésia » à Bordeaux, au TNBA, dans les jours qui ont suivi la révolution en Tunisie. Ils sont au Festival d’Avignon. Ce sont des figures de proue de la démocratie en Tunisie. Fadhel Jaïbi a écrit depuis 40 ans des films et des pièces sur la situation de son pays. Beaucoup ont été interdites comme « Corps Otages » présenté l’année dernière à l’Odéon et en tournée.  Mais certains textes ont évité la censure comme « Amnesia » qui a été jouée en avril 2010 à Tunis.  C’est une farce, une allégorie sur le pouvoir. Fadhel Jaïbi avait pris beaucoup de risques en montant cette pièce l’année dernière. Il a résisté à la censure, il n’a pas transigé. La liberté de parole de Jaïbi, il l’a doit à son succès en France et Europe.  Le fait d’être joué dans nos théâtres a été pour lui un véritable acte de résistance.   

Amnesia est texte prémonitoire puisque le personnage central de la pièce est BEN ALI acculé à quitter le pouvoir….Dans ce spectacle Fadhel Jaïbi et sa compagne, l’auteur et comédienne Jalila Baccar se penchent sur la liberté individuelle confrontée au poids du pouvoir collectif. Treize acteurs partagent leur engagement dans une scénographie rigoureuse et élégante en noir et blanc. Ils auscultent les blessures de la société tunisienne et le déchirement des consciences. Aujourd’hui ils souhaitent rester indépendants en Tunisie. Jalila Baccar s’est vue proposer le poste de Ministre de la Culture, elle a refusé pour continuer son travail d’artiste.   

Rencontre avec Fadhel Jaïbi  

Vous étiez prudent quelques jours après la révolution en janvier, dans quel état d’esprit êtes vous quelques mois après ?  

Ma réserve je le crains est confirmée. L’espace sécuritaire et politique laissé vacant permet aux islamistes et radicaux d’exister, et je me méfie des islamistes non radicaux. Il y a des exactions absolument terribles qui mettent en péril les faibles acquis de l’après Ben Ali. Il est hors de question que l’ayant chassé par la porte une autre dictature revienne par la fenêtre et qu’il fracasse cette porte et rentre péremptoirement. C’est inimaginable. Nous avons été agressés dans notre salle de cinéma parce qu’on voulait projeter le film « Ni Allah, ni maître ». Un film qui n’a rien à voir avec le sujet, mais c’est le choix de l’auteur. Le choix d’un auteur est souverain et indiscutable. C’est aussi sacré que la parole de Dieu. On agresse maintenant des artistes dans leurs espaces, on leur casse la figure. Nous n’avons que notre parole, nos arguments, eux ils ont des armes. J’espère que la loi après la Constituante nous protégera en attendant nous vivons un des pires moments de la transition. Ben Ali interdisait des spectacles, les salafistes cassent la gueule aux créateurs, aux danseurs, aux artistes, aux comédiens. Ils menacent même le public sur les plages. Le cauchemar de l’Algérie, de l’Egypte, des pays du Golfe, nous n’en voulons pas comme modèle, nous sommes un pays résolument moderniste. Nous voulons avancer, nous ne voulons pas régresser.    

Donc c’est une démocratie qui sera fragile et longue à construire.  

Ca on le savait. Il n’y a que les gogos ou les âmes naïves et les inexpérimentés qui ne le savaient pas. Ayant connu les affres des régimes totalitaires, nous savions que c’est fragile pour tout le monde, d’apprendre à s’écouter, d’apprendre ses droits et ses devoirs, de conquérir ces espaces citoyens. Et il n’y a que par la culture et par l’éducation que nous pourront avancer. Sans cela on est foutu.  

Et dans cette démocratie il y a toujours de la place pour que les artistes fassent entendre leur voix.  

Les artistes qui ont été en amont de cette révolution, la société civile, les éducateurs et tous ceux qui ont une idée pluraliste, égalitaire et fraternelle de la Tunisie vont continuer à se battre pour que les islamistes trouvent leur place dans ce paysage politique national. Nous ne sommes pas contre leur présence, nous sommes contre tout ce qui est radical et qui mélange Etat et religion.  

Votre spectacle Amnésia continue sa carrière, mais vous ne pouvez pas encore le montrer partout, notamment dans le Moyen-Orient.   

C’est vrai, la tournée a été compromise pour fait de soulèvement populaire. Ce sacrifice en valait bien le coup. C’est dommage. On voulait porter cette parole comme on a exporté notre révolution, on voulait exporter un discours artistique qui exister du temps de Ben Ali et qui critiquait la dictature. On aurait aimé promener cette proposition à travers le monde arabe qui en a besoin. Cela ne s’est pas fait, ce n’est que partie remise.  

La suite de votre travail continuera de parler de la Tunisie et de la révolution ?  

Nous avons déjà entamé avec Jalila Baccar un atelier d’écriture qui fait suite à un stage que j’ai dirigé il y a deux mois avec de jeunes comédiens.  Ils étaient en première ligne en janvier. Alors ce que le corps a pu faire, comment il a pu exulter, est l’objet de notre recherche, en plus de la parole reconquise avec sa confiscation. Nous essayons d’en faire une matière théâtrale.  

Êtes-vous heureux de revenir au Festival d’Avignon ?  

Très heureux. Avignon m’inspire cette phrase de Jean Vilar que je n’ai jamais connu, « c’est un théâtre élitaire pour tous ». Cet homme a fait bouger les consciences grâce à un acte citoyen, je trouve cela admirable. Je suis très ému à chaque fois que je viens.  

Propos recueillis par Stéphane CAPRON  

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr   

Amnesia mise en scène fadhel jaïbi   

Scénario, dramaturgie et texte jalila baccar et fadhel jaïbi   

avec Jalila Baccar, Fatma Ben Saîdane, Sabah Bouzouita, Ramzi Azaiez, Moez M’rabet, Lobna M’lika, Basma El Euchi, Karim El Kefi, Riadh El Hamdi, Khaled Bouzid, Mohammed Ali Kalaî   

assistante mise en scène et régie son Narjes Ben Ammar / régie lumières Naîm Zaghab /régie costumes Jalila Madani / régie production Nozha Ben Mohammed / directeur   

production Habib Bel Hedidu  – durée 1h45   

en arabe surtitré français   

Production Familia Productions, Bonlieu Scène nationale Annecy Théâtre National de Bordeaux en   

Aquitaine, Théâtre de l’Union – Centre dramatique national du Limousin,   

Théâtre de l’Agora – scène nationale d’Evry et de l’Essonne L’I.FC Tunis   

Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine de Tunisie   

Toute notre reconnaissance et notre amitié à Sihem Belkhodja, l’équipe de Ness El Fen et l’équipe de l’espace Le Mondial à Tunis   

FESTIVAL AVIGNON 2011  

SALLE DE MONTFAVET  

spectacle en arabe surtitré en français  

15 À 22H / 16 17 À 17H ET 22H 

Les 21 et 22 octobre à Lyon au Théâtre des Célestins dans le cadre du Festival Sens Interdit 

Le 26 octobre au Piccolo Teatro de Milan 

Le 23 novembre 2011 à Valenciennes au Phenix 

Les 29 et 30 novembre au Festival Meeting Point de Bruxelles 

Le 10 et 11 janvier 2012 à la Maison de la Culture d’Amiens 

Le 17 février 2012 à Draguignan – Théâtres en Dracénie 

Le 23 février 2012 à Gap à la Passerelle 

Le 28 février 2012 à La Roche sur Yon – Le Grand R 

Le 1er mars 2012 à Vannes – Théâtre Anne Bretagne 

Les 7 et 8 mars 2012 au Festival Meeting Point à Athènes 

Le 27 mars 2012 à Cavaillon à la Scène Nationale 

16 juillet 2011/par Stéphane Capron
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Violence(s) de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
Peur(s) de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
1 réponse

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut