Stéphanie Fagadau met en scène et adapte dans son théâtre, La Comédie des Champs-Elysées, Le cas Eduard Einstein, best-seller de Laurent Seksik. La pièce raconte l’histoire véritable du fils fou d’Einstein, atteint de schizophrénie. Hugo Becker impressionne dans le rôle d’Eduard.
En publiant en 2013, Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik révèle la part cachée d’Einstein, génie du XXe siècle, Prix Nobel de physique en 1921, connu dans le monde entier pour son équation E=mc2 qui établit une équivalence entre la matière et l’énergie d’un système. Einstein avait deux fils, Hans-Albert né en 1904 et Eduard né en 1910, ainsi qu’une fille Lieserl dont on sait très peu de choses. Ce qui est certain, c’est que le physicien n’avait pas la fibre paternelle. C’est sa première femme, Mileva (Josiane Stoleru), qui s’occupe d’Eduard interné dans une clinique à Zurich.
Sous les traits d’Einstein on retrouve Michel Jonasz. Coiffé d’une perruque signée Catherine Saint-Sever, il se fond aisément dans le peau du scientifique, son jeu est sobre et distancié. Face à lui, Hugo Becker est envoûtant. C’est le premier rôle au théâtre à Paris pour ce lorrain d’origine qui a joué auparavant dans deux mises en scène de Paul-Emile Fourny à l’Opéra Théâtre de Metz Métropole et à l’Opéra National de Lorraine (La nuit juste avant les forêts de Koltès et Amadeus de Peter Shaffer). Celui qui s’est fait un nom grâce aux séries télévisées Chefs et Baron Noir est incroyable dans le rôle de ce schizophrène, à mi-chemin entre le Forest Gump de Tom Hanks et le Birdy de Matthew Modine. Le regard profond et vague, scrutant le lointain, il met en lumière toute la souffrance de ce fils abandonné pendant plus de vingt ans par son père. Au fil des ans, l’état de santé d’Eduard se détériore. Le jeu d’Hugo Becker évolue lui aussi. La colère des premières années laisse la place à la résignation. Le visage d’Hugo Becker se transforme, son phrasé se ralentit, il s’enfonce dans une incarnation plus sombre. Remarquable.
Le cas Eduard Einstein est aussi une plongée dans l’Europe des années 1930, avec la montée du nazisme qui contraint Einstein à émigrer aux Etats-Unis. Là-bas, il doit affronter une autre sorte de racisme. Il est confronté à la ségrégation envers les noirs puis à la chasse aux sorcière du maccarthysme. La mise en scène de Stéphanie Fagadau est un savant va-et-vient entre la grande Histoire du 20e siècle et la petite histoire de la famille d’Einstein.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le Cas Eduard Einstein
de Laurent SEKSIK
Mise en scène Stéphanie FAGADAU
Avec Michel JONASZ
Hugo BECKER
Josiane STOLERU
Pierre BENEZIT
Amélie MANET
Jean-Baptiste MARCENAC
Collaboratrice artistique : Juliette Moltes
Décors : Antoine Malaquias assisté de Karim Kari
Musiques : Romain Trouillet
Lumières : Zizou
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz
Coiffures : Catherine Saint-Sever
Durée: 1h40A partir du 2 février 2019
Comédie des Champs-Elysées
Du mercredi au samedi à 20h30
Le dimanche à 16h
Représentations exceptionnelles les mardis 5, 12, 19 et 26 février ainsi que les mardis 5, 12, 19 et 26 mars 2019
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