Edmond, la pièce d’Alexis Michalik entame sa 4e saison, la pièce créée en 2016 est toujours à l’affiche au Théâtre du Palais-Royal. Le jeune auteur et metteur en scène a fait d’Edmond Rostand, un héros du 21e siècle, tandis que Philippe Car va continuer cette saison de tourner sa Fabuleuse histoire d’Edmond Rostand.
Pourquoi Rostand intéresse-t-il nos contemporains ? Auteur de « seulement » huit pièces, dont l’une, Cyrano de Bergerac (là aussi l’histoire d’un auteur !), est au Panthéon du théâtre français. Mais ni Michalik, ni Car ne mettent en avant le centenaire de la mort du plus parisien des marseillais qui tombe cette année….
Philippe Car apprécie l’approche populaire du théâtre chez Rostand. Il écrit pour le public, pour lui plaire. Ainsi, sous cet angle Rostand devient à son tour un héros de théâtre, alors qu’il est le contemporain de figures historiques d’envergures qui n’ont jamais été elles-mêmes les héroïnes d’un texte dramatique, à l’instar de Zola ! Quand bien même, comparé à Zola, Rostand n’était qu’un auteur, vaguement politisé, qui a finalement connu le succès. Pourtant, au fil des décennies, il devient peu à peu l’auteur d’un théâtre pour tous dans notre imaginaire.
A sons propos, l’universitaire Sébastien Ruffo écrit : « Rostand était un esthète, un amoureux, un littéraire parfois mondain, dreyfusard […] – quoique sans engagements politiques aussi forts que ceux d’un Victor Hugo par exemple. […] Rostand goûte peu les valeurs socialistes du naturalisme des Antoine ou des Zola, ses contemporains ». Dès l’époque de Rostand, Jules Renard louait l’aspect moins politique du théâtre de l’auteur de Cyrano. Dans son journal, il consigne : « […] L’invasion du socialisme au théâtre déroutait les plus indifférents. […] D’un seul coup de cothurne Rostand a repoussé ces ordures et, d’un seul effort, remis debout l’art isolé, souverain et magnifique. On va pouvoir encore parler d’amour, se dévouer individuellement, pleurer sans raison, et s’enthousiasmer pour le seul plaisir d’être lyrique ».
Parallèle intéressant, avant la première de la pièce Edmond au Théâtre du Palais-Royal, le public s’étonnait du thème choisi par Michalik. Ce dernier se retrouvait un peu à la même place que Rostand occupait en son temps : personne ne pensait que son intérêt pour les alexandrins et le Grand Siècle n’allait intéresser qui que ce soit.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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