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Cocagne chorégraphie sens dessus-dessous

À la une, A voir, Danse, Le Havre, Les critiques, Paris

© Laurent Philippe

Au Théâtre de Chaillot, dans la salle Gémier, Emmanuelle Vo-Dinh, directrice du CCN du Havre, présente Cocagne et ses tableaux vivants. Singulier exercice de style.

A la tête du Centre Chorégraphique National du Havre depuis 2012, Emmanuelle Vo-Dinh trace son sillon à part des modes. Une danse obstinée, des actions concrètes sur le terrain, un festival suivi au beau nom de Pharenheit. Cocagne, sa dernière pièce de groupe, arrive sur le plateau de Gémier avec de vrais ambitions plastiques. Neuf interprètes pour donner corps à des émotions. La créatrice avoue que son point de départ est le tableau Les Ménines de Vélasquez chef d’œuvre du maître espagnol. D’autres sources sont convoquées qu’elles soient cinématographiques ou littéraires. Mais sous nos yeux rien n’est donné à voir de manière appuyée. Il s’agit plus d’un fil rouge dramaturgique ou d’un contre-point. La méthode du cut-up chère à Brion Gysin n’est pas si loin. On pense aussi aux photographies d’Edouard Levé dans cette superbe scène de copulation simulée. Levé avait titré sa série Pornographie justement. Emmanuelle Vo-Dinh a choisi Cocagne pour ce ballet contemporain.

Peu à peu les actions dévoilent une communauté entre action et conflit. Les saluts prennent l’allure d’invectives, les sourires se figent. Le grotesque n’est jamais loin dans une belle étude des visages. La répétition recherchée atténue par instant la force de certaines images. L’escalier-décor que les danseurs grimpent sans faiblir n’est pas sans piéger le mouvement. Mais lorsque les interprètes finissent par le dévaler à genoux, la donne change. Le sens aussi. Emmanuelle Vo-Dinh cite le film de Sergeï Eisenstein Le Cuirassé Potemkine comme influence et ce n’est pas pour rien. Cocagne sait être drôle par instant porté par une troupe à l’énergie sans faille. Il lui manque une douce folie pour basculer dans le grandiose. Mais cette étude de gestes en dit long sur notre quotidien bousculé.

Philippe Noisette – www.sceneweb.fr

Cocagne
conception et scénographie — Emmanuelle Vo-Dinh
interprétation — Violette Angé, Gilles Baron, Alexia Bigot, Aniol Busquets, Maeva Cunci, Jean-Michel Fête, Cyril Geeroms, Camille Kerdellant, David Monceau
accompagnement artistique — Sabine Macher
musique originale — David Monceau, Emmanuelle Vo-Dinh
musiques additionnelles — Moderat, David Euverte, Johann Strauss
lumières — Yannick Fouassier
costumes — Maeva Cunci
assistanat costume — Salina Dumay
construction décor — Christophe Gadonna, Vincent Le Bodo
régie générale — Christian Le Moulinier

durée — 60 minutes

production — Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie
coproduction — Chaillot, Théâtre national de la danse ; Le Volcan, Scène nationale du Havre ; Opéra de Rouen Normandie
résidence de création — Dieppe Scène Nationale

Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie, est subventionné par la DRAC Normandie / Ministère de la Culture, la Région Normandie, la Ville du Havre et le Département de Seine-Maritime.

création le 28 novembre 2018 à 20h à Dieppe Scène Nationale
14.02.19 — Chaillot, Théâtre national de la danse, Paris
13.02.19 — Chaillot, Théâtre national de la danse, Paris
12.02.19 — Chaillot, Théâtre national de la danse, Paris
25.01.19 — Le Phare, Festival Pharenheit / programmation Le Volcan, Scène nationale du Havre
24.01.19 — Le Phare, Festival Pharenheit / programmation Le Volcan, Scène nationale du Havre
23.01.19 — Le Phare, Festival Pharenheit / programmation Le Volcan, Scène nationale du Havre
22.01.19 — Le Phare, Festival Pharenheit / programmation Le Volcan, Scène nationale du Havre
04.12.18 — Le Rive Gauche, Saint-Étienne-du-Rouvray / en coréalisation avec l’Opéra de Rouen Normandie
28.11.18 — Dieppe Scène Nationale

13 février 2019/par Philippe Noisette
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1 réponse
  1. BELLILI
    BELLILI dit :
    16 février 2019 à 8 h 57 min

    C’est un miroir d’émotions qui s’extirpe de nos masques.

    Les gestes absurdes, mécaniques, dramaturgiques sont deconstruits, construits et reconstruits tel un jeu d’enfant. Le masque est tombé…

    Emmanuelle Vo-Dhin sculpte le grotesque au quotidien de chaque être, bien être et mal-être…

    Belle performance chorégraphique !

    Mahmoud BELLILI
    T.06.80.13.68.51
    Mail : Mahmoud.bellili@orange.fr

    Répondre

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