Edward Albee avait envisagé d’intituler la pièce « exorcisme », c’est le titre du troisième et dernier acte de ce combat mythique, de cette traversée ultime d’un couple aux tréfonds de ses enfers. Et la ligne de force, l’aboutissement de ce texte machiavéliquement charnel et intelligent, est pour moi son dénouement apaisé,
libérateur. L’issue de cette corrida, les morts symboliques qu’elle engendre permet aux quatre personnages d’absorber de la vie. Même si c’est au prix de la vérité affrontée pour le jeune couple, même si c’est en payant la reconnaissance de la peur pour le couple mûr, meneur du jeu.
La partition se joue comme un éclatement de plaques tectoniques. Le contexte temporel se situe à la lisière des années soixante-dix, il induit une esthétique qui se mêle à l’esprit du texte inscrit dans un milieu moyen-bourgeois-universitaire américain. Si l’espace scénographique est réaliste, il est théâtralisé de façon à tendre la toile de fond d’une histoire universelle. L’essence même du spectacle se décline par le fil tendu sur lequel les personnages avancent comme sur une piste.
Les cahots, les chutes, l’odeur de sang, de sueur, de sexe, les vapeurs de l’alcool, et les accalmies provisoires rythment le parcours de ces animaux humains. Plus que la psyché, c’est le corps qui lâche ou qui retient, mais sans complaisance, à l’os, pour transmettre au public l’humour ravageur d’Albee au noyau de la tragédie existentielle qu’il nous offre. Panchika Velez
QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF
de Edward Albee
Mise en scène Panchika Velez
Avec Frédérique Lazarini, Stéphane Fievet, Agnès Miguras, Aurélien ChaussadeThéâtre 14
Du 10 septembre au 27 octobre 2018
Relâche exceptionnelle lundi 24 septembre 2018Lundi à 19h, mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h45,
matinée samedi à 16h
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