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Solaris, sans éclats

Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

Solaris – crédit Avril Dunoyer

La compagnie Le Tambour des Limbes, emmenée par Rémi Prin, reprend son adaptation de Solaris, sans convaincre.

Si adapter au théâtre un texte de science-fiction n’est pas chose aisée, l’une des difficultés majeures à la transcription de ce genre au plateau ne réside peut-être pas tant dans la supposée armada de technologies que l’on s’attendrait à voir débouler que dans l’acceptation d’une convention. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : accepter au présent de la représentation de découvrir un récit nous projetant dans le futur, futur auquel le cinéma, notamment, a fourni nombre d’images et de représentations, façonnant largement nos imaginaires. Cet enjeu est accru dans le cas de Solaris. Car ce roman publié en 1961 et signé de l’écrivain polonais de science-fiction Stanislas Lem a une triple notoriété. À celle du livre s’ajoute les deux versions cinématographiques : la première, signée Andreï Tarkovski en 1972, la seconde, de Steven Soderbergh en 2002.

Pour son adaptation au plateau du roman de Lem – créée en 2018 et reprise en ce début de printemps – la compagnie Le Tambour des Limbes opte pour un théâtre d’astuces et de bricolage plutôt que d’effets spéciaux. C’est sur une scène occupée par trois modules circulaires de plexiglas (des demi-colonnes) – investis chacun par un personnage – que le récit débute. Soit l’envoi du psychologue Kris Kelvin sur une station spatiale afin d’y rejoindre son ami et collègue Gibarian, apparemment en difficulté. Une fois arrivé sur la station, Kelvin va retrouver deux autres collègues, Snaut et Sartorius, et constater le suicide de Gibarian. Surtout, il découvre un espace où la rationalité est fissurée, ainsi que le signale les déplacements des modules dont l’opacité masque à nos regards diverses scènes, comme les comportements anxieux et étranges des deux survivants. Snaut et Sartorius, avec un jeu très appuyé pour les deux comédiens et force tics pour le premier, sont en proie à ce qui semble être un délire, la terreur face à la présence inexplicable d’êtres (une femme, un enfant, un monstre indéfini) sur la station. Kelvin lui-même voit sa vie basculer lorsque Harey, son épouse qui s’est suicidée dix ans plus tôt, le rejoint.

C’est la trajectoire de ces personnages – vivants ou revenants – que le spectacle déplie dans une adaptation au premier degré, du ressaisissement de Snaut et Sartorius jusqu’à la plongée de Kelvin. Premier degré, oui, car force est de constater (et regretter) une direction d’acteurs empêchant aux interprètes toute subtilité. Offrant un jeu très littéral et souvent caricatural, les personnages masculins comme féminin n’ont aucune ambiguïtés et manquent d’intériorité. Ce sentiment d’absence de perspectives quant à leurs motivations intimes, d’écrasement des enjeux du roman, se prolonge dans nombre d’artifices scéniques. Outre la scénographie à l’esthétique carton et plexi-pâte, la création lumières, la partition musicale ainsi que le recours fréquent aux fumigènes viennent surligner les atmosphères.

Le choix de préférer des artifices relativement modestes à des effets spéciaux sophistiqués aurait pu s’avérer fructueuse. Elle ne fait ici que donner une tonalité de pacotille à une histoire qui à être surjouée échoue à nous embarquer. Et en dépit de toute la bonne volonté des interprètes réunis, de l’investissement d’une équipe artistique, cette version de Solaris ne transmet pas la puissance du roman. Soit un récit fascinant, qui en mettant en jeu un inhabituel extraterrestre, la planète Solaris, aux prolongements inquiétants (ladite planète se révélant être à l’origine de l’arrivée des revenants) travaille notamment la permanence du souvenir des disparus, des morts, des absents ; comme la façon dont nos fantasmes autant que nos souvenirs nous hantent et nous accompagnent.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Solaris
Texte Stanislas Lem
(éditions Denoël dans une traduction de Jean-Michel Jasienko)

Mise en scène Rémi Prin

Avec Thibault Truffert, Louise Emma Morel, Quentin Voinot et Gabriel Laborde
Adaptation pour la scène Rémi Prin, Thibault Truffert

Assistanat à la mise en scène Alexis Chevalier
Voix Mathilde Chadeau, Fabrice Delorme et Pierre Ophèle-Bonicel
Scénographie Benjamin Gabrié et Suzanne Barbaud
Costumes Célia Bardoux et Manon Gesbert
Sound design et musique Léo Grise
Création lumière Rémi Prin

Production Cie le Tambour des Limbes
Avec le soutien du Centre Paris Anim’ les Halles le Marais, l’Institut Polonais de Paris

Durée du spectacle 1h30

Théâtre de Belleville
Du 7 au 30 avril 2024
Lundi 19h
Mardi 21h15
Dimanche 20h

9 avril 2024/par Caroline Chatelet
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