Parfois à travers la brume c’est une autre qualité de lumière.
C’est là, entre ombre et lumière, entre aveuglement et plus grande connaissance, que se situe l’esprit de cette créature ambigüe que Vesaas nomme Mattis dans son livre Les Oiseaux. Mattis a son mur de brouillard, c’est le centre du spectacle.
Si l’on admet qu’une surestimation de la raison, propre à notre temps et à nos régions, conduit finalement à un amenuisement de l’être, alors il faut chercher ailleurs, aux confins du non-conscient, une connaissance d’un autre ordre qui ouvrira notre conscience à une autre dimension de l’être. S’inventera peut-être une luminosité qui n’exclue pas l’ombre.
La littérature du nord est nourrie d’une mythologie ancienne où vie et mort, parole et mutisme, sagesse et folie, nuit et jour, ont des frontières très peu visibles. De ces terres sans repères la poésie seule peut faire entendre des échos.
Tarjei Vesaas écrit une lumière inconnue, hésitante, pleine de soubresauts. Elle tire sa force de son origine : le noir. Elle irradie depuis le centre de sa pure naïveté. On prend conscience d’avoir été longtemps aveugle à ce qu’on croit deviner maintenant dans l’insécurité d’une vision tremblante.
Claude Régy (avril 2010)
Brume de Dieu
d’après le roman « Les oiseaux » de Tarjei Vesaas
traduction du norvégien – Régis Boyer
mise en scène – Claude Régy
scénographie – Sallahdyn Khatir
lumière – Rémy Godfroy
son – Philippe Cachia
assistant à la mise en scène – Alexandre Bary
avec Laurent Cazanave
Production
Les ateliers contemporain
Coproduction : Théâtre National de Bretagne
Festival d’Automne à Paris avec le soutien du CENTQUATRE
Du 15 septembre au 22 octobre 2011
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