Jean-Luc Choplin homme providentiel du nouveau Marigny

Dans la même semaine on apprenait le départ de Jean-Luc Choplin à la direction artistique de La Seine Musicale depuis son ouverture et sa nomination au Théâtre Marigny où il assurera la programmation à l’automne 2018.

Ce n’est pas un mercato footballistique mais presque… Jean-Luc Choplin, ancien directeur du Châtelet, auquel il a imprimé une image très « musical », et le directeur artistique de la Seine Musicale jusqu’à ces derniers jours va donc retrouver la capitale. Et les Champs Élysées ! L’information révélée par le quotidien Les Echos est une demi-surprise. En effet lorsque le communiqué provenant de la Seine musicale est tombé ce 17 janvier annonçant une nouvelle organisation artistique du lieu les connaisseurs du milieu ont scruté les mots employés. « Jean-Luc Choplin, Président du Comité de Programmation de La Seine Musicale, a souhaité se consacrer à de nouveaux projets, et ne renouvellera donc pas sa mission de conseil artistique en 2018 » pouvait-on lire. Sans plus de précision. Plus loin Choplin parlait de période de rodage pour La Seine Musicale. Mais surtout il affirmait qu’il avait envie de retrouver sa « liberté.  » J’ai décidé personnellement de ne pas participer à cette nouvelle phase car mon désir est de continuer de créer, de produire, de travailler avec des artistes« . Ce qu’il fera visiblement au théâtre Marigny dont la réouverture -après des travaux beaucoup plus longs et coûteux que prévus- est enfin en vue.

Pourtant on ne peut pas parler d’échec personnel pour cet homme éclectique qui allie show de qualité et classique pointu. Mais La Seine Musicale par son fonctionnement mi privé mi public n’est pas le Châtelet et son confortable budget de création. Il semble aussi que La Seine Musicale, sa grande salle, son auditorium -et bientôt un club de jazz! – me permet pas de folie. Ou simplement de créer. Il y a eu de vrais succès comme West Side Story ou Requiem de Bartabas. Mais le premier avec un producteur extérieur a ajouté des dates devant le succès alors que le spectacle de l’Académie Équestre de Versailles s’est donné 3 fois. La grande salle a affiché complet mais impossible de prolonger au grand dam de Bartabas ! Autre exemple d’un manque de souplesse : l’exposition sur Maria Callas s’est arrêtée le 14 décembre soit la veille des vacances et le jour de la sortie du film sur la diva en salles. Mauvais timing diront certains. On attend de nouvelles annonces concernant la Seine musicale – d’ores et déjà il est question de carte blanche donnée à des personnalités.

Quant à Marigny dont le futur exploitant sera Marc Ladreit de Lacharrière il devra faire avec une histoire théâtrale et sans doute de nouveaux horizons entre danse et spectacle musical. Jean-Luc Choplin y sera comme un poisson dans l’eau lui qui aime réinventer les lieux où il passe. Seule inconnue : en aura-t-il les moyens et le temps avant d’être rattrapé par les réalités économiques ? Un défi -et peut-être le dernier- pour cet homme de l’art.

Philippe Noisette – www.sceneweb.fr