Depuis sa création en 1977, la Compagnie du Hasard a toujours saisi les opportunités de partage et d’aventures, avec le public et avec d’autres artistes :
ainsi, nous avons joué au Mali guidés par Yaya Coulibaly le marionnettiste ou Rdji le rappeur, à Bamako dans ses quartiers populaires, à Berlin sur Unten den Lindern pendant un mois dans notre Théâtre Mobile à l’invitation d’UFA Fabrik, dans des parcs à Moscou, dans des festivals mis en place avec Slava Polunin, mais jusqu’à aujourd’hui, la Compagnie n’avait jamais séjourné à Paris.
Bruno Cadillon a joué récemment plusieurs fois sur les scènes parisiennes, notamment sous la direction de Robin Renucci ou Catherine Schaub mais ce sera la première fois qu’un
de ses textes sera présenté à Paris alors même que son deuxième roman policier vient d’être publié chez d’Orbestier.
Le 23 avril 1616, il y a quatre cents ans, le jour de ses 52 ans, William Shakespeare meurt à Stratford-upon-Avon.
Avait-il contracté une maladie lors d’un voyage à Londres ou avait-il trop abusé d’alcool lors d’un repas avec ses amis Ben Jonson et Mickael Drayton, lui qui n’était pourtant pas porté sur les excès, à la différence de ses amis dramaturges de l’époque ?
On ne le sait pas.
D’ailleurs, on sait peu de choses sur Shakespeare, pas même l’orthographe exacte de son nom.
À peine savons-nous qu’il est né à Stratford-upon-Avon, sans connaître le jour exact, qu’il y a fondé une famille, qu’il s’est rendu à Londres, y est devenu acteur et écrivain, puis est revenu à Stratford pour y écrire son testament et mourir.
Pour l’historien Georges Steevens 1, c’est à peu près tout.
Le reste n’est que conjectures de biographe.
Et si c’est peut-être un peu exagéré, ce n’est pas si loin de la vérité.
Mais si l’homme nous est presque réellement inconnu, tout le monde connaît Roméo et Juliette, Hamlet, Macbeth, Othello, le roi Lear, Richard III, Shylock, Desdémone, Iago…
Sous sa plume, les plus beaux héros comme les plus ignobles prennent vie et nous deviennent aussi proches que les petites gens, plus ou moins glorieux dans leurs tâches et leurs existences.
C’est grâce à sa capacité à percer et exposer au grand jour l’âme humaine que Shakespeare est devenu l’auteur des plus grandes histoires d’amour, de passion, de pouvoir, plus que par les intrigues qu’il empruntait sans vergogne aux anciens ou les thèmes de ses pièces qu’il puisait chez ses contemporains — la notion de plagiat n’existait tout simplement pas à l’époque —.
C’est grâce à cette faculté à déchiffrer et représenter nos tourments qu’il est devenu au fil du temps l’écrivain de théâtre le plus joué dans le monde.
Donc si l’homme nous est inconnu, son œuvre, elle, est inscrite dans nos gènes et c’est à la recherche de nous-mêmes que nous sommes allés en réalisant Le dernier songe de Shakespeare. Nous voulons nous nourrir de William Shakespeare, lui demander qu’il nous prête un moment ses personnages, ses scènes cultes – ou non —, pour qu’il nous raconte un peu qui nous sommes.
Danièle Marty
LE DERNIER SONGE DE SHAKESPEARE
de Bruno CadillonDU 29 JANVIER AU 17 FÉVRIER 2018
AU THÉÂTRE DE L’ÉPÉE DE BOIS À LA CARTOUCHERIE DE VINCENNES
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