Après le succès de La promesse de l’aube, Bruno Abraham-Kremer continue son voyage dans l’œuvre de Romain Gary. Avec Corine Junesco, il a adapté L’angoisse du roi Salomon, le dernier roman de Gary publié sous le pseudonyme d’Émile Ajar. Quand la littérature rencontre un formidable acteur, cela donne un très bon moment de théâtre repris au Lucernaire à partir du 29 août.
Nous sommes en 1978, le pétrolier l’Amoco Cadiz est échoué au large de Portsall en Bretagne provoquant l’une des plus grande crises écologiques de la fin du 20ème siècle. A Paris Jean, un jeune autodidacte qui partage son temps entre son activité de chauffeur de taxi et ses lectures en bibliothèque, croise dans le quartier du Sentier Salomon Rubinstein, un ancien tailleur, « le roi du pantalon ». Retiré des affaires, il héberge chez lui l’association « SOS Bénévole ».
Le roman de Romain Gary est une plongée dans le Paris d’antan. Les pages sentent bon la nostalgie. On imagine les vieilles voitures, les journaux papiers qui se vendent comme des petits pains, les affiches de Georges Marchais, de VGE, et de François Mitterrand sur les panneaux électoraux. On se fait un film en regardant Bruno Abraham-Kremer raconter cette histoire dans un dispositif ingénieux, sorte d’arène ouverte, avec un petit muret, quelques escaliers, et dans le fond en ombre chinoise une image découpée de Paris.
Pendant une heure quarante cinq, le comédien nous fait remonter le temps. L’on croise une sacrée galerie de personnages. C’est un vrai délice. C’est un grand faiseur de théâtre. Quand on entend Bruno Abraham-Kremer, on pense à Jean Gabin, à Lino Ventura ou à Bernard Blier. Cora, l’une des personnages centrales de l’histoire, ancien chanteuse réaliste qui a fricoté avec les allemands pendant l’occupation lui dit d’ailleurs qu’il a « une vraie gueule d’autrefois ». Mais le spectacle n’a rien d’une mise en scène d’autrefois. Grâce à la scénographie élégante, aux éclairages soignée et au travail sur le son remarquable, cette Angoisse du roi Salomon est un véritable ravissement. Du grand théâtre populaire, trait d’union entre toutes les formes.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
L’angoisse du roi Salomon
D’après le roman de Romain Gary (Emile Ajar) .
Adaptation et mise en scène Bruno Abraham-Kremer
et Corine Juresco.
Interprété par Bruno Abraham-Kremer. Scénographie Jean Haas. Lumières Arno Veyrat. Son Mehdi Ahoudig. Costumes Charlotte Villermet.
Durée: 1h45Lucernaire
Du 29 août au 21 octobre 2018
A 19h du mardi au samerdi
16h le dimanche
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