Dans le travail d’adaptation, il m’était très important de mettre en évidence le caractère universel de cette fable et de toutes ses implications. Je crois que les sensations procurées par l’histoire, ainsi que les problèmes qu’elle met en lumière, sont toujours d’actualité : problème de la place de l’individu dans la société, problème de l’affirmation de soi parmi les autres, problème du rapport à la norme, et surtout problème de l’aliénation. En effet, entre la Russie du début du XIXème siècle dépeinte par Gogol, et notre monde moderne, rien n’a changé. Certes, les normes et les modes n’ont plus le même visage, mais leurs rôles, les causes profondes qu’elles renferment et qui alimentent l’aliénation de l’Homme, elles, demeurent intactes et leur nature est inchangée. Ainsi, à l’aide d’une langue oscillant entre hier et aujourd’hui, entre temps passés et présents, entre narration et action, cette adaptation souhaite souligner l’universalité de son propos.
La situation désagréable dans laquelle se retrouve le héros peut faire écho à tout un chacun, si l’on envisage le nez comme symbole. Sans nécessairement s’attacher à une définition symbolique pure, le nez peut représenter tout élément de soi : de l’action à la nature profonde, en passant par la simple opinion ou l’idée éphémère. Comme si à travers cette perte, on assistait en fait à la quête de soi, une fenêtre sur le cheminement personnel, la perte comme individuation non affirmée, celle qui nous éloigne du commun, de notre comportement primaire, instinctif et animal.
Dans cette quête, notre héros laisse de côté, l’espace d’un instant, les automatismes réconfortants de son quotidien et se retrouve inexorablement confronté à ceux des autres, à la machinerie de l’administration ou du pouvoir, à l’aliénation de ses contemporains. De l’aliénation des individus naît l’aliénation de la société, et par conséquent l’impossibilité grandissante de communiquer. Et c’est sans compter sur l’idée inconsciente que l’on se fait de la norme ! Autant de forces qui, si l’on se demande « Comment ? » et non « Pourquoi ? », nous poussent doucement à glisser de nouveau vers l’ordre établi…
Note d’intention de Julien Le Pocher
HOC, ou le Nez
D’après Nikolaï Gogol
Adaptation, mise en scène et scénographie Julien Le Pocher
Avec Mélanie Segura, Chloé Vannet, Thomas Lapen, Bastien Telmon et Olivier Troyon
Régie Marilyn Etienne-Bon
Chorégraphie Sylvie Cavé
Création lumière Marilyn Etienne-Bon et Julien Le Pocher
Création musicale Julien Gabriel B.La Folie Théâtre
6 Rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris
Du 16 novembre 2017 au 28 janvier 2018
Le jeudi à 19h30
Le samedi à 18h
Le dimanche à 16h30.
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