Il est impossible de classer cette création 3Abschied (3Adieux). Si Anne Teresa De Keersmaeker et Jérôme Bel sont deux chorégraphes reconnus, leur spectacle conceptuel va très certainement dérouter les puristes de la danse, et les puristes de la grande musique. Car il ne s’agit ni de danse, ni d’un concert, mais d’un cri du cœur pour une œuvre, en l’occurrence l’Adieu de Gustav Mahler, dernière partie du Chant de la terre.
Avec gravité Anne Teresa De Keersmaeker explique qu’elle a toujours eu envie de chanter, qu’on l’a découragée, alors lui est venu l’idée de créer des variations autour de ce poème symphonique de Mahler. La première version entendue dès le début du spectacle est un enregistrement de la cantatrice anglaise Kathleen Ferrier, une version mythique pour les connaisseurs. Avec beaucoup d’émotion Anne Teresa De Keersmaeker raconte comment cette œuvre a été importante dans la carrière de la chanteuse atteinte très jeune d’un cancer du sein. La mort va hanter 3Abschied, mais sans être pesante, avec distance, et humour.
Anne Teresa De Keersmaeker fait ensuite rallumer la salle pour que le public s’imprègne du texte du poème pendant quelques minutes. Entourée de 13 musiciens de l’ensemble Ictus, elle poursuit la genèse de son projet et raconte son entrevue à Londres dans un hôtel avec le chef d’orchestre Daniel Barenboim. Elle lui expose son intention, le maestro lui rie au nez. « Pourquoi vouloir chorégraphier cette œuvre, c’est impossible. Il y a des œuvres dans le répertoire pour cela, prenez du Purcell, du Bartók, du Satie… ». Anne Teresa De Keersmaeker persiste et tombe sur la transcription d’Arnold Schoenberg pour un petit ensemble de treize musiciens. Une partition que joue l’ensemble Ictus avec la mezzo Sara Fulgoni. La musique de Malher révèle toute la souffrance du musicien. Anne Teresa De Keersmaeker va et vient entre les musiciens, comme une note qui virevolte, elle les effleure.
Puis Jérôme Bel monte à son tour sur scène. Il raconte combien les derniers vers du poème, écrits par Mahler, expriment la vision de la mort du compositeur qui espère un retour vers la nature. S’en suivent deux moments très cocasses. Dans le premier les musiciens interprètent la partition et quittent le plateau un à un. Dans le deuxième ils simulent la mort chacun leur tour en restant sur le plateau, laissant le hautbois conclure la dernière note.
Enfin la dernière version est une partition pour piano. Jean-Luc Fafchamps est seul sur scène avec Anne Teresa De Keersmaeker qui exauce son rêve et chante le poème. C’est faux cela va s’en dire, mais touchant. La danse n’est pas non plus un modèle d’inventivité, mais il se passe quelque chose d’indicible dans ce spectacle, une réelle tendresse.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
3Abschied (3Adieux)
Anne Teresa De Keersmaeker & Jérôme Bel
MUSIQUE Gustav Mahler
DER ABSCHIED, DAS LIED VON DER ERDE
TRANSCRIPTION Arnold Schönberg
DIRECTION MUSICALE Georges-Elie Octors
DANSE Anne Teresa De Keersmaeker
MEZZO Sara Fulgoni
PIANO Jean-Luc Fafchamps
ICTUS
George Van Dam VIOLON I
Igor Semenoff VIOLON II
Aurélie Entringer, Jeroen Robbrecht ALTO
François Deppe, Geert De Bièvre VIOLONCELLE
Géry Cambier CONTREBASSE
Michael Schmid FLÛTE
Piet Van Bockstal,
Kristien Ceuppens HAUTBOIS
Dirk Descheemaeker CLARINETTE
Dirk Noyen BASSON
Kristina Mascher-Turner COR
Gerrit Nulens TIMBALES & PERCUSSION
Nico Declerck HARMONIUM & CÉLESTA
Production Rosas. Coproduction La
Monnaie/De Munt, Bruxelles – Opéra de Lille –
Sadler’s Wells, Londres – Theater an der Wien
– Théâtre de la Ville, Paris avec le Festival
d’Automne à Paris – Hellerau European
Center for the Arts Dresden.
En collaboration avec Ictus & R.B. Jérôme Bel
Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
TARIF B 28 € I 22 € I JEUNES 15 € I LOCATION 2 PLACE DU CHÂTELET PARIS 4 I TÉL. 01 42 74 22 77
THÉÂTRE DE LA VILLE I 2 PLACE DU CHÂTELET PARIS 4
12, 13, 15 & 16 OCTOBRE 20H30
je respecte enormement le travail et la recherche des artistes !!!
mais dans ce spectacle il n’y rien !!! mais rien !!!
sauf la belle musique de G Mahler bien sur et dont l’interpretation des musiciens etait tres bien !!!
On pouvait meme avoir l’impression que Mme De Keesmarker se payait la tete de ses admirateurs !!!!
Donc il faut mieux aller voir un autre spectacle !!
mais s’il n’y a rien, pour un spectacle sur l’adieu, c’est peut être qu’il y a quelque chose ?