Au Théâtre de la Tempête, Géraldine Martineau s’attaque à La Mort de Tintagiles. S’en dégage un univers onirique qui vivifie le texte de Maurice Maeterlinck.
Quiconque se frotte au théâtre de Maeterlinck risque toujours de s’y piquer. Complexes sous leur apparente simplicité, datées si elles sont prises au pied de la lettre, ses pièces donnent souvent du fil à retordre à ceux qui veulent aujourd’hui les adapter. Ces derniers mois et années, certains metteurs en scène en ont d’ailleurs fait l’amère expérience et ont par exemple trébuché sur La Princesse Maleine ou Aglavaine et Sélysette. En s’emparant de La Mort de Tintagiles, Géraldine Martineau relève une partie du défi qu’elle s’est imposé.
Elle offre une lecture limpide du texte, en décode les symboles et en souligne très clairement les enjeux. Dans l’atmosphère qu’elle déploie aucun doute n’est permis : la reine qui a demandé à Tintagiles de revenir en son royaume n’est autre que la mort. Face à cette inéluctable destinée, ses sœurs Ygraine et Bellangère tentent de le protéger et l’entourent d’un amour qui, espèrent-elles, empêchera la reine de l’emmener définitivement.
Plus que le substrat textuel, c’est tout le travail scénique de la jeune metteuse en scène qui donne du relief au spectacle. Epaulée par Salma Bordes côté scénographie et de Laurence Magnée côté lumières, elle fait naître de belles images – avec peu de moyens techniques – qui forment un univers ambivalent à la fois sombre et lumineux, onirique et inquiétant. Pièce maîtresse du spectacle, cette antichambre de la mort est mise au service de la compréhension du texte, permet de le dépasser et d’aller au-delà du « drame pour marionnettes » défini par Maeterlinck. Dans ce bel écrin, la pièce peut alors révéler son côté mystique et poétique que les seules tirades du dramaturge belge ne parviennent pas à atteindre.
Malgré tout, les rôles restent particulièrement difficiles à appréhender. Inégalement dirigés, les comédiens ne réussissent pas à donner ce supplément d’âme qui aurait pu complètement sortir la pièce de sa léthargie dramaturgique. Il n’en reste pas moins que, dans les mois et les années à venir, il faudra surveiller de très près Géraldine Martineau : avec un tout autre texte, elle pourrait encore davantage montrer l’étendue de son talent.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
LA MORT DE TINTAGILES
de Maurice Maeterlinck
mise en scène Géraldine Martineau
avec Sylvain Dieuaide, Ophélia Kolb, Agathe L’Huillier, Evelyne Istria et les voix de Anne Benoit, Christiane Cohendy, Claude Degliame.
équipe scénographie Salma Bordes, lumières Laurence Magnée, composition musicale Simon Dalmais, son François Vatin, collaboration artistique Emma Santini.
production Atypiques Utopies ; en coproduction avec le Théâtre Montansier ; avec la participation artistique du Jeune Théâtre national.
Durée: 1h15Théâtre de la Tempête
21 septembre > 22 octobre 2017
du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h30 – salle CopiMaison de la Culture Nevers Agglomération 8 décembre 2017
L’Atrium – Théâtre de Chaville 5 avril 2018
Théatre Montansier Versailles 10 et 11 Avril 2018
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