Un pays dans le ciel nous emmène dans les coulisses de l’OFPRA, au plus proche des demandeurs d’asile observés pendant des mois par l’auteur Aiat Fayez. La traduction scénique de Matthieu Roy raconte avec beaucoup de sensibilité la souffrance de ces êtres humains.
Aiat Fayez a passé dix mois en immersion totale dans les locaux de l’OFPRA – l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides à Fontenay-sous-Bois. Dans ce que les officiers de protection appellent « le bunker » il a observé telle une petite souris les entretiens avec les demandeurs d’asile, rapportés dans un cahier de notes de 300 pages. C’est une infime partie de ce travail d’écriture documentaire qui est mise en scène par Matthieu Roy.
Les trois comédiens, Hélène Chevallier, Gustave Akakpo et Sophie Richelieu, multiplient les rôles et passent d’une histoire à l’autre, dans un fondu enchainé savamment orchestré par Matthieu Roy. Ils sont tantôt officier de l’OFPRA, tantôt réfugié. La pièce est construite pour être jouée dans de petits espaces, dans un rapport de grande proximité avec les comédiens, ce qui ajoute à la tension des situations décrites par Aiat Fayez. On a vu la pièce dans un dispositif bi-frontal à la Scène Thélème (le restaurant-théâtre créé par Jean-Marie Gurné près de l’Arc de Triomphe à Paris) ; elle sera présentée à Sevran chez l’habitant en décembre dans le cadre de la saison du théâtre de la Poudrerie.
On mesure le côté kafkaïen et labyrinthique du parcours de ces réfugiés qui vivent dans l’attente et la crainte. Ils se mettent à nu face aux officiers de protection dans leur langue natale avec l’aide de traducteurs. On comprend que certains ont appris par cœur des argumentaires vendus par des passeurs, mais d’autres dévoilent des histoires très intimes, comme celle de ce professeur togolais homosexuel racontant l’oppression dont il a été victime dans son pays (Gustave Akakpo joue le rôle dans sa langue natale, le mina l’un des 53 dialectes du Togo).
Aiat Fayez dit les choses avec profondeur et humanité. Son écriture sait aussi se faire cocasse et tendre pour éviter la lourdeur et le misérabilisme. On se dit que l’on est toujours un peu l’étranger de quelqu’un après avoir vu ce spectacle d’une grande dignité et très éclairant sur la situation de ces milliers de demandeurs d’asile dont le délai moyen d’attente pour l’examen d’un dossier est de 16 mois et 15 jours !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Un pays dans le ciel d’Aiat Fayez
Metteur en scène : Matthieu Roy
Assistante à la mise en scène :Marion Conejero
Collaboration artistique : Johanna Silberstein
Costumes et accessoires : Noémie Edel
Avec
Hélène Chevallier, Gustave Akakpo et Sophie Richelieu
Production
Cie du Veilleur
La Cie du Veilleur est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication
(DRAC Nouvelle Aquitaine), la Région Nouvelle Aquitaine et la Ville de Poitiers.
Coproduction
Théâtre Jean Lurçat, scène nationale d’Aubusson, Théâtre de la Poudrerie à Sevran, Théâtre de Thouars et
DRAC Nouvelle Aquitaine .
Matthieu Roy est membre du collectif artistique du Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Nord-Pas-de-Calais, artiste associé à la Scène nationale de Saint-Quentin en Yvelines et à la Scène nationale d’Aubusson.
Durée: 50 minutesDu 16 au 20 octobre 2017 Théâtre Jean Lurçat à Aubusson
Du 20 oct. 2017 au 27 mai 2018, 30 représentations au Théâtre de la Poudrerie à Sevran Du 8 au 25 novembre 2017 à La Scène Thélème à Paris (du mercredi au samedi)
Du 17 juillet au 17 août 2018 Maison Maria Casarès à Alloue
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !