Catherine Hiegel: une mère courage

Catherine Hiegel et Benjamin Jungers © Studio Théâtre Théâtre de Gennevilliers

Il n’a pas fallu longtemps à Catherine Hiegel pour rebondir. Destituée par ses pairs à l’automne dernier de son titre de doyenne de la Comédie Française elle a retrouvé sa liberté et interprète le rôle principal de « La Mère », la nouvelle pièce de Florian Zeller, enfant chéri du théâtre privé. Jusqu’à la fin de la saison dernière elle a honoré ses contrats dans la maison de Molière en jouent notamment dans « Les oiseaux» d’Aristophane mise en scène par Alfredo Arias. Et c’est un autre argentin qui la met en scène au Petit Théâtre de Paris, le détonnant Marcial di Fonzo Bo qui délaisse pour un temps les auteurs argentins (Copi et Rafael Spregelburd) qu’il a monté récemment avec sa compagnie (« La paranoia », « La tour de la défense »…).

Dans un univers bourgeois dépouillé (Yves Bernard a créé un espace gris, tout en profondeur) une mère solitaire, sans activité, accro au whisky, se languit de son fils. Son mari, cadre supérieur passe ses semaines en déplacement, sans vraiment porter une grande attention à sa femme. Jean-Yves Chatelais – comédien à la réputation solide – est parfait. Cette mère rêve à longueur de journées de ce fils qui a pris son envol, de cet être qui ne reviendra que furtivement au domicile familial pour lui redonner un peu de joie. Rien de bien original dans la situation décrite par Florien Zeller, et pourtant la pièce n’est pas dénué de tout intérêt. Dans sa construction tout d’abord. Il utilise le procédé de la variation. Une même scène est jouée plusieurs fois, avec des mots différents. Et puis il y a Catherine Hiegel qui porte le texte à elle seule. Elle irradie la scène, laissant planer le mystère sur certains pans de l’histoire. Le fils (interprété par Clément Sibony) revient-t-il réellement à la maison, ou est-ce l’imaginaire de la mère qui nous le fait croire ? Florian Zeller ne donne pas la réponse. A chacun de se faire son idée.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

La Mère de Florian ZELLER