« La Pierre » est une pièce magnifique de Marius von Mayenburg. L’écrivain allemand, compère de Thomas Ostermeier à la Schaubühne de Berlin, résumé en une heure et quart, soixante ans de l’histoire allemande. Au moment où les gouvernants français s’égosillent à vouloir trancher la question de « l’identité nationale », ces débats paraissent dérisoires au regard des plaies que nos voisins allemands ont encore à panser.
« La Pierre » raconte l’histoire d’une famille qui dans les années 30, dans la région de Dresde, achète une maison à des juifs contraints à l’exil. Quelques années plus tard, dans les années 50, cette famille est à son tour contrainte à l’exil, elle trouve refuge à l’Ouest, pour finalement revenir habiter la maison dans les années 90 après la réunification des deux Allemagnes. La construction de la pièce de Marius von Mayenburg est faite de séquences très courtes, de flashs back qui nous font traverser les époques. Pour ne pas s’y perdre, Bernard Sobel – le metteur en scène affiche des repères. Des néons indiquent la date de l’action au dessus de la scène. Une riche idée qui permet de rester attentif à la densité de l’écriture de Marius von Mayenburg. En fonction des années, les comédiens entrent et sortent de l’espace.
Mais cette trouvaille scénique astucieuse ne parvient pas totalement à rendre le spectacle emballant. Bernard Sobel s’est entouré d’un casting prestigieux – (Anne Alvaro – la femme juive qui vend sa maison, Edith Scob – qui achète la maison) – qui n’arrive pourtant pas à donner toute la puissance que l’on pourrait attendre. Bernard Sobel leur demande de réciter la pièce, plutôt que de la jouer naturellement – ce que l’on est en droit d’attendre avec ce texte d’une richesse inouïe, que l’on demande à revoir dans un autre contexte.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
de Marius von Mayenburg
traduction de l’allemand Hélène Mauler et René Zahnd
mise en scène Bernard Sobel
en collaboration avec Michèle Raoul-Davis
avec
Anne Alvaro, Claire Aveline, Priscilla Bescond,
Anne-Lise Heimburger, Édith Scob, Gaëtan Vassart
décor Lucio Fanti
costumes, coiffures et maquillage Mina Ly
lumière Alain Poisson
son Bernard Vallery
assistante à la mise en scène Sophie Vignaux
production
Compagnie Bernard Sobel, La Colline – théâtre national, Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
La compagnie Bernard Sobel est aidée par le ministère de la Culture
et de la Communication/DMDTS et bénéficie du soutien de la Ville de Paris.
Le spectacle a été créé au Théâtre Dijon Bourgogne – CDN le 13 novembre 2009.
Le texte est à paraître à L’Arche Éditeur (janvier 2010) qui en est le représentant théâtral.
Théâtre National de la Colline
du 22 janvier au 17 février 2010
du mercredi au samedi à 20h30
le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30
Théâtre du Nord – théâtre national région Nord Pas-de-Calais
du 23 février au 5 mars 2010
plusieurs avis valent mieux qu’un, moi j’ai trouvé la mise en scène sublimes, la direction d’acteurs parfaite et surtout les trois actrices principales somptueuses, mais j’ai été moins impressionnée par le texte
« La pierre » est un très beau spectacle dont voici une critique favorable sur le blog culturel La Boîte à sorties :
http://www.laboiteasorties.com/2010/02/%C2%AB-la-pierre-%C2%BB-sur-les-traces-d%E2%80%99un-lourd-passe/