La salle Favart de l’Opéra Comique rouvre avec Alcione de Marin Marais, l’opéra le plus célèbre du violiste du 18ème siècle. La direction musicale est confiée à un spécialiste du genre : Jordi Savall. La mise en scène qui s’appuie sur les arts du cirque du cirque s’essouffle malheureusement dans les deux derniers actes.
La salle Favart brille de mille feux. Après vingt mois de remise aux normes de sécurité et d’embellissement de la salle, l’Opéra Comique ouvre enfin. Cela aurait du être avec Fantasio (donné au Châtelet) puis avec La Princesse légère de Violeta Cruz (finalement reporté pour cause de retard dans la livraison des travaux). C’est donc Alcione de Marin Marais qui inaugure la renaissance de cette salle qui a souvent été éprouvée au cours de son histoire (avec deux incendies au 19ème siècle – lire par ailleurs l’interview d’Olivier Mantei).
Le directeur de l’Opéra Comique Oliver Mantei aime les défis artistiques. Il a donc confié la mise en scène à Louise Moaty et à Raphaëlle Boitel. Elles font entrer les arts du cirque au milieu des chanteurs. Le spectacle s’ouvre sur une danse tribale nerveuse et endiablée et des acrobaties tonitruantes, c’est un joli mélange de contrastes avec la musique baroque de Marin Marais, chef d’orchestre permanent de l’Académie Royale de Musique qui compose en 1706 son opéra le plus abouti.
Un maitre à la direction musicale
Qui de plus aguerri que Jordi Savall pour diriger la partition ? Le violiste est le spécialiste de Marin Marais. Il a popularisé sa musique dans le film d’Alain Corneau Tous les matins du monde. Durant plus de trois heures, il fait briller les instruments du Concert des Nations. Lea Dessandre, révélation lyrique de l’année aux Victoires 2017 endosse avec charme le rôle titre. Elle est entourée d’excellentes voix masculines. Lisandro Abadie dans le rôle de Pan, Cyril Auvity dans celui de Ceix, Sebastian Monti dans celui d’Apollon et surtout Marc Mauillon dans celui de Pélée. Le montbéliardais est brillant. Avec sa voix claire, il apporte de la modernité à l’œuvre.
La mise en scène de Louise Moaty ne s’encombre pas d’un décor chargé, c’est assez bien vu. Elle utilise des matériaux simples et recyclables comme le bois, le carton ou les cordages. La vraie valeur ajoutée du spectacle est la présence de danseurs-circassiens dirigés par Raphaëlle Boitel. Ils utilisent les agrès du cirque : la corde lisse, le mat chinois, les tissus. Cela met un peu de poésie et de rythme dans une œuvre souvent très sombre. Mais quand ils disparaissent, la mise en scène devient tristounette. Les deux derniers actes sont assommants d’autant que la scénographie s’appauvrit avec d’énormes voilages blancs dans le quatrième et des boudins en plastique dans le cinquième. Le clou étant la chorégraphie finale avec des costumes colorés (pas très beaux) digne des shows télévisés de la télévision des années 70.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Alcione
Direction musicale
Jordi Savall
Mise en scène
Louise Moaty
Chorégraphie
Raphaëlle Boitel
Scénographie
Tristan Baudoin, Louise Moaty
Costumes
Alain Blanchot
Lumières
Arnaud Lavisse
Régisseur cirque
is Vilamajo
Collaborateur à la chorégraphie
Gudrun Skamletz, Caroline Ducrest
Assistante mise en scène
Florence Beillacou
Assistante chorégraphie
Maud Payen
Assistante scénographie
Marie Hervé
AlcioneLea Desandre
CeixCyril Auvity
PeléeMarc Mauillon
Pan, PhorbasLisandro Abadie
Tmole, Grand-Prêtre /NeptuneAntonio Abete
Ismène, 1ère MateloteHasnaa Bennani
Bergère, 2ème Matelote, PrêtresseHanna Bayodi-Hirt
Chœur et Orchestre
Le Concert des Nations
Danseurs et circassiens
Pauline Journe, Tarek Aitmeddour, Alba Faivre, Cyril Combes, Emily Zuckerman, Valentin Bellot, Mikael Fau, Maud Payen
Production
Opéra Comique
Coproduction
Gran Teatre del Liceu de Barcelone, Château de Versailles Spectacles, Théâtre de Caen
Partenaire associé
La Brèche
Durée: 3h30 avec entracteOpéra Comique
Salle Favart
du 26 Avril au 7 Mai 2017
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