C’est l’un des textes de Bernard-Marie Koltès le plus compliqué à monter. Jean-Pierre Garnier confie ce monologue à un jeune comédien de vingt ans. Eugène Marcuse se révèle être un comédien d’exception. Une belle découverte au Poche-Montparnasse.
Bernard-Marie Koltès a vingt-huit ans quand il écrit ce cri du cœur. Un long monologue de 63 pages, sans ponctuation. Il explique dans une lettre à sa mère que l’idée de ce texte lui est venu après la la rencontre d’un jeune homme croisé aux Halles, une nuit. Patrice Chéreau, spécialiste de Koltès a patienté longtemps avant de le monter. C’était en 2010 avec Romain Duris et la complicité de Thierry Thieû Niang. Car cette confession désespérée est difficile à appréhender.
La mise en scène de Jean-Pierre Garnier est une réussite. La petite salle en sous-sol du Poche-Montparnasse se prête merveilleusement bien à l’atmosphère de ce texte. La scénographie et les éclairages d‘Yves Collet nous plongent dans les bas-fonds de la société. Le personnage de Koltès soliloque. Son texte est d’une incroyable modernité. Il parle de la vie en banlieue, du chômage, du malaise de la jeunesse…Un véritable cri de détresse qui est toujours d’actualité près de quarante ans après.
Pour interpréter ce monologue il faut un comédien d’exception. Eugène Marcuse illumine le plateau. Il n’a que vingt ans (toujours au Conservatoire) et déjà un talent fou. C’est une véritable révélation. Lorsque le public arrive dans la salle, il est déjà sur le plateau, le corps courbé sus des morceaux de verre. Il incarne ce jeune homme désœuvré, ce SDF écorché qui erre dans les rues, dans les cafés, dans les hôtels et dans le métro. Sa parole est libre, souvent désordonnée, passant de sa volonté de créer un Syndicat International des Travailleurs à son envie de s’enfuir dans la forêt du Nicaragua. Eugène Marcuse hypnotise le public. Il s’approche des premiers rangs et cherche des regards compatissants. Le théâtre possède ce pouvoir de regarder en face la réalité qui nous fait peur à l’extérieur. Cette version de La nuit juste avant les forêts est un vrai choc théâtral.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La nuit juste avant les forêt de Bernard-Marie KOLTÈS
Mise en scène Jean-Pierre GARNIER
Avec Eugène Marcuse
Mise en scène Jean-Pierre Garnier
Scénographie et lumière Yves Collet
collaboration artistique Olivier Dote Doevi
Travail du mouvement Maxime Franzetti
Création sonore Joncha
Durée 1h15Théâtre Montparnasse
DU 8 NOVEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017
Du mardi au samedi à 19h
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !