Au Théâtre de la Bastille, les très caustiques artistes de la compagnie belge De Koe ratent leur folle entreprise de relever l’Occident en quatre longues heures et trois couleurs.
Fidèlement accompagné par le Festival d’Automne et le Théâtre de la Bastille, le collectif, seul ou épaulé de bons camarades des tg STAN, déploie un univers fantasque et déglingué désormais bien familier et aimé du public parisien. Les beaux succès de My Dinner with André, L’Homme au crâne rasé ou Outrage au public en témoignent. Ce théâtre qui repose sur l’expérimentation et l’improvisation (avec ce que cela comporte d’aléatoire) est souvent d’une originalité détonante mais finit par lasser à force d’inconsistance ou de surcharge. C’est le cas de cette dernière création saturée de pleins comme de vides.
Trois parties correspondent à trois couleurs : blanc comme le commencement, l’origine, l’innocence ; rouge comme la passion, le sang, la contestation, l’idéologie ; noir comme le déclin, l’obscurité, la mort, la négation. Si son architecture en triptyque semble strictement organisée, le spectacle se livre dans une forme très en désordre, trop décousue. Le langage s’y épuise, la peinture, la fumée, et la boisson y giclent sur un décor un peu sommaire fait de bric et de broc.
Coécrite, mise en scène et interprétée par les très complices Natali Broods, Willem de Wolf et Peter Van den Eede, dont la puissance comique s’émousse dans les effets inutiles, la pièce se présente comme une barbante dissertation qui interroge l’insuffisance intellectuelle des sociétés occidentales et des icônes arrogantes qui les représentent en brocardant les exagérations, les artificialités, l’hyper-positivité de notre époque, sa « modernité liquide » comme la définit le sociologue Zygmunt Bauman. Brodant autour de ce juste constat, les artistes bavassent, ressassent diverses anecdotes tantôt drôles, tantôt cruelles, tantôt absconses. Ils convoquent Hannah Arendt, Paul Valéry, Kant, Spinoza, Andy Warhol, le pauvre Shakespeare réduit à l’évocation boulevardière de son Antoine et Cléopâtre, Goethe enfin qui formulait dans son célèbre Faust : « L’homme croit d’ordinaire, quand il entend des mots, qu’ils contiennent absolument une pensée », un adage que conteste le spectacle complaisamment bourré de paroles mais moins d’idées.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
La Relèvement de l’Occident
Texte, mise en scène et conception de Natali Broods, Willem de Wolf et Peter Van den Eede. Traduction française et coaching linguistique Martine Bom. Lumières Bram De Vreese Son Pol Geusens. Technique Bram De Vreese et Pol Geusens.
Production De KOE. Coproduction de la version française théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse, Théâtre de la Bastille, Festival d’Automne à Paris, Théâtre de Nîmes – Scène conventionnée pour la danse contemporaine et Théâtre du Bois de l’Aune – Aix-en-Provence. Producteur délégué de la version française et de sa tournée théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse. Un projet House on Fire. Coréalisation Théâtre de la Bastille et Festival d’Automne à Paris. La compagnie De KOE est subventionnée par le Ministère de la Culture de la Communauté Flamande. Première française au théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse le 12 mai 2016.
Durée 4 h avec entracteThéâtre de la Bastille
06 > 17 DEC 2016
À 19 h 30
dimanche à 17 h
Relâche les 9 et 14 déc.
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