Mercredi 7 juillet 2010 à l’occasion de la première de « Papperlapapp » dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon, la comédienne Agnès Sourdillon a lu un texte au nom du Syndéac – le syndicat des directeurs de théâtres publics. Le Ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand était dans la salle. Ensuite des intermittents se sont levés dans la salle pour enfoncer le clou. Le Syndéac appelle à manifester le jeudi 15 juillet à 14h30 devant le Palais des Papes. Voici le texte lu ar Agnès Sourdillon:
Oui, nous sommes encore ici devant vous. Oui, le spectacle vivant est encore debout. Ce soir, il nous est nécessaire de vous adresser quelques mots avant de laisser libre cours à notre imagination et – nous l’espérons – à votre plaisir.
Non, ce n’est pas l’habituelle lecture de protestation des prétendus nantis de la Culture. Mais, intermittents ou non, grandes institutions ou petites compagnies, opéras ou circassiens, danseurs, musiciens ou acteurs, artistes ou indispensables personnels techniques, administratifs et d’accueil, nous avons subi depuis plusieurs années une érosion sans relâche de nos moyens de travailler pour vous.
Aujourd’hui, et dans une perspective déclarée de trois ans, de 2011 à 2013, le gouvernement de notre pays se lance dans un assaut multiforme contre sa propre politique artistique et culturelle. C’est-à-dire contre nous. C’est-à-dire contre vous. Si des suppressions fortes de crédits devaient venir s’ajouter aux régulières compressions de ces dernières années : ce serait un assaut sans précédent. Depuis des mois, nous luttons. Nous avons arraché la compétence culturelle pour les départements et les régions, mais faute de transferts budgétaires de l’État, beaucoup de ces collectivités se déclarent hors d’état, à court terme, de poursuivre leurs engagements.
Nous sommes donc pris en tenaille et la situation atteint un point de non-retour. Ces atteintes supplémentaires vont entraîner d’innombrables suppressions de projets, de compagnies, d’institutions – c’est-à-dire de disparitions d’emplois et des milliers d’intermittents perdant leurs droits – la catastrophe est sans commune mesure avec les économies réalisées. Comment ne pas voir ici la marque avérée d’un mépris, pour ne pas parler d’une méfiance, voire d’une volonté d’en finir avec une politique artistique garante de la liberté de l’esprit dans ce pays ? Oui, la nation est dans le pétrin. Oui, tout le monde doit participer au sauvetage – même si nous ne sommes en rien responsables de cette déroute. Depuis plusieurs années, et bien avant la crise, le spectacle vivant a déjà beaucoup payé. Le bouclier fiscal et la baisse de la TVA pour la restauration font perdre 3 milliards d’euros à l’État, c’est-à-dire la totalité du budget du ministère de la Culture.
N’oublions pas le sens et la création, sans lesquels notre pays ne s’en sortira vraiment pas. Nous luttons et nous lutterons, mais notre seul et véritable appui viendra de vous, et de votre volonté – que nous connaissons – de ne pas vivre dans un pays qui abandonnerait toute sa tradition de pensée et d’imaginaire, sous prétexte d’une crise difficile à traverser. Pour toutes ces raisons, nous appelons à une grande manifestation le jeudi 15 Juillet prochain à 14h30, devant le Palais des Papes à Avignon.
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