À l’heure où un mouvement hostile à la réélection de Denis Sassou Nguesso rassemble les voix démocratiques au Congo, il est intéressant de faire le détour par la parole de l’acteur pour plonger dans une vision aussi ludique que politique de la situation…
Ainsi, aux dernières minutes de sa vie, prétextant une apologie de la SAPE, un homme provoque un dialogue avec son fils, afin de lui léguer ses interrogations, son amour, ses coups de gueule sur ce pays où il est né, et son amour invétéré pour ce pays choisi. Comme dans un dernier tour de ring, il se bat contre les partis uniques, les arrestations arbitraires, les dictateurs qui gèrent les pays comme leur poche. Il se bat contre les guerres politiques, transformées en guerres civiles, les changements de constitutions à l’emporte-pièce. Il livre un ultime combat pour transmettre à son fils tout son savoir, sa vie, ses rires, comme ses déboires, son envie d’apprendre, comme son rêve de Paris, la Ville Lumière. Il doit mourir. Oui mourir. Parce que la mort libère la bête.
Le décor est à l’image de l’espace mental du père, un enclos bricolé avec des objets glanés ici et là, un entrepôt de souvenirs vécus et des rêves mêlés. Dans ce quelque part se raconte la vulnérabilité d’un homme, abandonné à lui-même, la faute au caillou dans sa tête. À travers son personnage, l’auteur s’interroge : « Qui serais-je si je n’avais pas eu accès au voyage ? ». Un acteur emprisonné dans un personnage ? Un être tentant de se mouvoir dans un costume trop lourd pour lui ? Que fait-on d’un gisement d’oppressions, d’une cargaison de « c’est comme ça », d’un baril d’histoires honteuses qui dégoulinent et qui te goudronnent à même le sol ?
Il serait peut-être ce Sapeur, ce fabulateur génial qui brouille les pistes, titubant entre la réalité et ses prétentions, cet homme méprisé qui est bien plus que tout ça réuni. Il serait ce fils-là qui a avalé à grosses rasades les contradictions de son monde et qui aujourd’hui emprunte le costume d’un père pour se penser en adulte. Il serait peut-être cet homme qui se défait peu à peu du costume et de ses oripeaux, se dépasse, se désape et se laisse voir pour se sentir plus léger, prêt à partir. Dossier de presse.
Costume ou demi-dakar ?
Texte et jeu Criss Niangouna, mise en scène Laetitia AjanohunTexte et jeu Criss Niangouna
Mise en scène Laetitia Ajanohun
Scénographie Papythio Matoudidi
Création Lumière Laurent Vergnaud, Cléo Konongo
avec 5 chanteurs de Limoges
Création
Production le Festival des Francophonies en Limousin, la compagnie Les Bruits de la rue, la Commission internationale de théâtre francophone (CITF), le festival AfriCologne (Cologne), le festival Mantsina sur scène (Brazzaville)
Avec le soutien du Tarmac, scène internationale francophone et le mécénat de Gabrielle Von Brochowski
Tournée Festival Afri-Cologne juin 2017
Accueil en coréalisation avec l’Espace du Crouzy à BoisseuilFrancophonies en Limousin 2016
24 et septembre
Espace du Crouzy Boisseuil
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !