
La fraternité du grand écart.
Pour peu qu’on ait la vocation, le grand écart se fait de plusieurs manières. Par glisse- ment, c’est-à-dire en laissant partir tout doucement la jambe tendue sur le talon. C’est la fa- çon la plus commode et la plus courante de procéder il faut juste de la persévérance pour y parvenir. Ou sinon en sautant, dans ce cas on exécute un saut en écartant le plus vite possible les deux jambes en l’air avant de retomber au sol. Le goût du risque est là nécessaire, mais l’effet est garanti.
Autrement, pour ceux qui ont le feu sacré, mais pas les conditions physiques, ou bien pour retirer toute échap- patoire aux derniers récalcitrants et les convaincre des beautés de l’art chorégraphique, il y a encore plus fort : Le Temps d’Aimer. Contre l’uniformité, qui met les esprits au même diapason, contre le bon ton, qui classe les esthétiques et les hommes, et ne les réunit pas, dèle à sa ligne artistique et à une vision po- lyphonique du monde, ce rendez-vous exécute un véritable tour de force : la fraternité du grand écart.
Une périlleuse gymnastique placée du côté du cœur, dont le but consiste à faire découvrir et appré- cier la danse sous ses multiples aspects, même à ceux qui ne sentent pas la vocation au martyr. Car on peut jouir au Temps d’Aimer d’un plaisir goulu, sans risquer une déchirure, ou nir brisé, moulu. En somme, au milieu des rêves et des désirs, on y trouve l’avantage de faire le grand écart, sans ses inconvénients.
Thierry Malandain – directeur artistique.





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