"Le bouc", cet étranger qui fait peur
Photos Laurent Hatat
Guillaume Vincent est un jeune metteur en scène en vue. Artiste associé au Nouveau Théâtre de Besançon depuis 2009, il y a monté cette saison « L’éveil du Printemps » de Frank Wedekind (également vu à la Colline et à la Comédie de Reims), il est sorti de l’école de TNS (section mise en scène – groupe XXXIV) en 2005. Au sein de l’Atelier – espace de recherche accolé à la Comédie de Reims – il a créé deux spectacles : « Preparadise Sorry, Now » autour du fascisme et « Le Bouc » de Fassbinder, qu’il présente à la Caserne des Pompiers, le lieu de la Région Champagne-Ardenne.
La Bouc raconte le destin d’un immigré grec venu chercher du travail dans l’Allemagne d’après-guerre. C’est l’une des premières pièces de Fassbinder, montée en 1968 à l’Action Theater de Munich, par Fassbinder et Peer Raben. Alors que l’Allemagne se remet difficilement des heures sombres de la guerre, elle a du mal à accepter la présence de l’étranger. Lorsque Jorgos arrive de Grèce, envoyé par une agence d’intérim, les habitants font le dos rond, et le mettent à l’index. Seules les filles voient dans ce bel éphèbe la possibilité de rompre la monotonie. Il y a dans le texte de Fassbinder des résonances actuelles sur le rapport au travail et aux immigrés. L’immigré est là pour augmenter la productivité. « Avec eux on produit plus » dit l’un des personnages. Et aussi cette idée qu’il faut toujours augmenter la productivité. « Il faut aller plus vite avec le travail pour gagner plus ».
Guillaume Vincent a plongé ses comédiens dans l’obscurité, un léger filet de lumière éclaire le décor constitué d’une tournette, ils jouent derrière un rideau de tulle, ce qui accentue le mystère autour de cette histoire. Dans la pénombre, on parvient difficilement à distinguer le bouc. Est-ce réellement un humain ? Est-ce un alien descendu d’une planète inconnue ? Le découpage du spectacle est très séquencé, très cinématographique. La création sonore de François De Bortoli vient souligner la tension de l’action, dans une sorte de violence retenue. Ce travail soigné et intelligent de Guillaume Vincent laisse présager le meilleur pour la suite ce metteur en scène de talent. Hier à Besançon, aujourd’hui dans le Off, demain dans le In ?
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le Bouc de Rainer Werner Fassbinder
Production La Comédie de Reims
Avec Mohand Azzoug, Elsa Grzeszczak, Constance Larrieu, Julie Lesgages, Déborah Marique, Samuel Réhault, Émilie Rousset, Sylvain Sounier, Julien Storini, Guillaume Vincent
Mise en scène : Guillaume Vincent
Traduction : Bernard Bloch
Scénographie : James Brandily
Lumière : Sébastien Michaud
Costumes : Guillaume Vincent
Caserne des Pompiers
116 rue carreterie
84000 Avignon du 8 au 27 juillet
relâche les 12, 19 juillet
tarif : 13€
tarif carte off : 9€
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