Galin Stoev, artiste associé à La Colline, traduit et met en scène un texte « Les Gens d’Oz » de l’écrivaine Bulgare Yana Borissova. Un spectacle convenu composé à partir d’une écriture narcissique à défaut d’être dramatique.
Un bel immeuble dans une ville très laide. Il est habité par un groupe de personnages aux caractères bien différents : un riche hériter désinvolte, une écrivaine célèbre, un locataire qui ne paye plus son loyer depuis 9 ans avec la bénédiction de la propriétaire… Il y a aussi les visiteurs et les habitants que l’on ne voit pas mais qui existent dans la bouche d’autres personnages. Ce monde si hétéroclite partage néanmoins le même amour du lieu dans lequel ils vivent. Mais pour l’influence de la cité sur les âmes, on préfèrera l’intelligence et la finesse de « La Ville » de Martin Crimp, plutôt que l’écriture de Yana Borissova.
Malgré un départ rapide et enlevé, le texte sonne rapidement verbeux et le plaisir du trait d’esprit prend le pas sur un sens profond. Chaque phrase résonne comme une vérité universelle et, si les personnages sont tous différents, il nous semble entendre beaucoup trop clairement une voix unique (celle de Yana Borissova) en filigrane. L’ironie et le cynisme affichés des dialogues mutent dans un empilement d’aphorismes où les personnages sont centrés sur eux-mêmes et assènent des idées reçues lapidaires : « écrivain n’est pas une profession », « il n’y a plus personne pour parler du présent », « les vieux tombent amoureux comme les jeunes »… Cette philosophie au premier degré est bâtie sur une érudition puisant dans l’expérience personnelle de l’auteur – c’est-à-dire sur quelque chose qui ne concerne qu’elle et dont il est légitime que le public se fiche. « Les Gens d’Oz » sonne le glas de l’écriture dramatique écrasée par l’écriture narcissique.
La mise en scène libre, trop peu maîtrisée de Galin Stoev ne sauve pas le spectacle. Sur un espace neutre, en installant d’immenses poufs sur lesquels sautent parfois les personnages, il effectue un travail très convenu, loin de la créativité dont il sait faire preuve et comme on a pu le voir dans son « Liliom » en 2014.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Les Gens d’Oz de Yana Borissova
traduction du bulgare : Galin Stoev et Sacha Carlson
mise en scène Galin Stoev (Artiste associé)
avec Edwige Baily, Yoann Blanc, Bérangère Bonvoisin, Vincent Minne, Tristan Schotte
scénographie : Alban Ho Van
costumes : Sandra Brisy
musique : Sacha Carlson
lumière et vidéo : Elsa Revol
assistant à la mise en scène : François Bertrand
coproduction Fingerprint (Compagnie Galin Stoev),
Théâtre de Liège, La Colline – théâtre national, théâtre Les Tanneurs
avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service Théâtre
Durée : 1h35
Théâtre National de la Colline
du 3 Mars au 2 Avril 2016
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h
création à La Colline
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