Pour sa cinquième édition, le Festival DañsFabrik sera féminin ou ne sera pas ! En effet seules les femmes chorégraphes y ont droit au chapitre. Et quand les hommes sont de la fête, ils y sont interprètes. Que nous disent aujourd’hui de l’incessant tumulte du monde, ces femmes artistes, souvent militantes, parfois féministes, parfois révoltées, toujours engagées dans leur art ? Découvrir leur univers, leurs obsessions, leur démarche. Approcher leurs rêves, se laisser porter par leurs œuvres.
Parmi les artistes du festival, Lenio Kaklea, danseuse magnifique, jeune chorégraphe d’origine grecque, nous accompagne par son regard et sa pensée dans la construction d’un focus sur la création chorégraphique hellénique. Rencontre avec la chorégraphe à Athènes.
Vous êtes donc la curatrice du programme consacré à la Grèce dans l’édition 2016 de Danzfabrik à Brest. Comment avez-vous conçu ce focus ?
Tout d’abord j’assume mes choix subjectifs ! Cela ma permis de redécouvrir la scène athénienne que l’ai quitté il y a 10 ans. J’ai donc fait des recherches.
Et là vous avez fait des découvertes ?
Cela a été enrichissant de voir comment les gens ont continué à créer malgré la crise, comment ils ont changé leurs pratiques, et comment leur travail artistique évolue.
Y-a-t-il vraiment une différence avant et après la crise ?
Oui la situation s’est détériorée. Mais si cela a toujours été difficile pour la danse car il n’y pas d’infrastructure pour soutenir la création, les choses ne se sont pas améliorées.
Et là qui avez-vous trouvé ?
J’ai proposé le travail d’Iris Karayan que j’avais découvert lorsque j’étais étudiante en danse. C’est la même chose pour Marialla Nestora. Leur travail a beaucoup évolué depuis cette période. Et j’ai découvert le travail d’Alexandra Baktsesis. Quand à Katarina Andreou je la connaissais comme danseuse et elle va danser l’une de mes pièces à Brest et on soutient sont premier projet.
Dans toutes les créations, l’écriture, les mots sont autant importants que la danse. C’est un point commun.
Il y a une grande tradition théâtrale ici et on s’intéresse à cette écriture hybride. On ne met pas de barrières entre la danse, le théâtre, les arts visuels ou la performance. On utilise plein d’outils.
Votre pièce « Arranged by date » est très clairement militante
Elle a été pensée après la crise financière et avec Lou Forster on a souhaité aborder ce sujet là de la manière la plus simple possible. On parle de la micro économie et de la dette dans la vie quotidienne. Oui il est militant.
On a le sentiment ici qu’entre les grosses institutions privées comme la Fondation Onassis et les lieux expérimentaux, il n’y a rien, pas de structures intermédiaires.
C’est vrai. Mais les lieux qui se créent dans les quartiers sont très importants. Le manque d’infrastructure de l’Etat est flagrant.
Est-ce qu’il se passe à Athènes ce qu’il s’est passé Berlin dans les années 90 ?
Ou comme ce qui s’est passé à New-York dans les années 60. On se trouve dans un creux. Il y a tout à inventer. Et notamment la politique culturelle dans un moment où les initiatives locales prennent le dessus et essayent de proposer des modes de fonctionnement et des modes de vie.
Est-ce que des artistes ont justement envie de s’installer ici ?
Toute la contradiction de ce que l’on vit avec la crise financière peut devenir bénéfique. Les loyers sont moins chers qu’à Paris. Les coûts de production sont moindres. On peut donc choisir de venir travailler à partir de la Grèce tout en conservant des liens avec d’autres pays européens.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !