Romane Bohringer incarne avec force le personnage de Odela Zaqira dans Terre Noire, pièce de l’italien Stefano Massini, créée à au Théâtre National de Nice dans la mise en scène d’Irina Brook. C’est une avocate engagée qui met en balance la valeur du droit face à la valeur de l’argent et qui défend les agriculteurs face aux industries chimiques. Rencontre avec la comédienne à Nice après une représentation.
Stefano Massini est un auteur engagé qui écrit sur l’actualité. Ce sont des choses qui vous passionnent ?
Pas uniquement. C’est surtout un grand désir pour Irina Brook de parler du monde qui l’entoure. Quand à mon désir d’interprète et de théâtre, il va vers des choses très différentes qui vont de la folie à l’absurdité et parfois le monde vient frapper à votre porte. Et c’est nécessaire d’apprendre un peu plus sur le monde à travers des textes dont j’ai l’espoir qu’ils se partagent avec le public.
Cette avocate qui défend les faibles, elle vous correspond ?
Je tiens à être extrêmement modeste. Je suis une citoyenne sensible mais très peu engagée par rapport aux gens qui vouent leur vie à des causes nobles. Ma seule voix est de porter des textes qui montrent du doigt un bout du monde. Ce serait mentir de dire que cette avocate qui va dévouer sa vie à défendre les victimes face à la brutalité de la mondialisation et du capitalisme correspond à ma vie. Je suis très privilégiée. Mais j’ai une sensibilité qui m’amène à choisir ce genre de projets.
C’est une pièce ancrée dans l’actualité mais elle est aussi très poétique
Il y a vraiment eu une rencontre entre Irina Brook et Stefano Massini avec ce désir de parler de l’écologie, sa rencontre avec Vandana Shiva. Tout est partie de cette histoire de ces agriculteurs qui se sont suicidés en avalant les pesticides qu’on leur avait vendus parce qu’ils étaient endettés et appauvris par les multinationales qui avaient pris possession de leurs terres. Stefano Massini s’est emparé de ce sujet avec son écriture très poétique. Sa pièce est construite comme un puzzle avec des scènes qui se juxtaposent pour raconter une histoire. Elles ne sont pas forcément dans le bon ordre. Ce sont comme des flashes dans la mémoire. Ce sont des voix intérieures qui s’expriment.
Avec les évènements tragiques de l’année 2015, est ce que le théâtre n’a pas plus que jamais son utilité qu’il avait peut-être perdu ?
Je ne suis pas assez cultivée pour le dire. Le théâtre est une forme d’engagement. Le théâtre est fraternel. Il rassemble des gens. Ce sont peut-être des mots angéliques mais c’est la réalité. Cela fait vingt ans que je fais du théâtre et j’ai toujours eu l’impression que monter sur scène était un engagement humain parfois politique, parfois écologique, parfois humaniste, parfois comique. Même dans les pièces cinglées il y a une forme d’engagement !
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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