Un orage de pluie s’est abattu au dessus de la tête d’Alex Lutz, le maître de cérémonie des Molières dès les premières minutes de la soirée. Il débute trempé, une serviette sur la tête, triste présage. La soirée a été longue, trop longue, enchaînant les sketches insignifiants et pas drôles du tout. De Natalie Dessay chantant sur des sonneries de téléphone à Marie Gillain mangeant des peaux mortes, rien ne nous a été épargné. On ne voit pas comment les téléspectateurs auront envie d’aller au théâtre ensuite. Seul vraiment moment féerique, la très belle séquence de 20 000 lieues sous les mers de Christian Hecq et Valérie Lesort qui reçoivent d’ailleurs le Molière de la création visuelle.
Les organisateurs avait décidé de chronométrer les temps de parole des lauréats, surveillés par un grand videur noir nommé « touchi toucha » juché sur un véhicule à roulette et déboulant après une minute pour mettre fin à leur discours. Un geste de bien mauvais goût qui a déçu beaucoup d’artistes dont Catherine Frot qui n’a pas pu terminer son très beau discours ou Dominique Blanc qui a même oublié de remercier son partenaire, Vincent Perez.
Mais le palmarès est sans fausse note. Tous les succès publics ou privés sont récompensés. « Çà ira (1)– Fin de Louis » de Joël Pommerat obtient 3 prix dont celui du Théâtre public (son spectacle « Pinocchio » reçoit le prix jeune public). Le prix du théâtre privé est remis aux « Cavaliers ». « Mais qui a peur de Virginia Woolf ? » reçoit deux prix. Alain Françon est consacré metteur en scène du privé et Vladimir Yourdanoff, comédien du privé. Charles Berling remporte le prix du comédien public pour « Vu du Pont ». Catherine Frot (pour « Fleur de Cactus« ) et Dominique Blanc (pour « Les liaisons dangereuses« ) se partagent les prix des comédiennes. Alexis Moncorgé (pour « Amok« ) et Géraldine Martineau (pour « Le poisson Belge » ) sont les révélations. La palme de l’émotion revient à Andrea Bescond pour « Les Chatouilles (ou la danse de la colère) » – Molière du seule en scène qui a ému le public en dénonçant les actes pédophiles dans les établissements scolaires.
Didier Brice – Molière du comédien dans un second rôle (pour « A tort et à raison« ) s’est fait le porte parole des intermittents en interpellant Audrey Azoulay, la Ministre de la culture. Et Charles Berling s’est fait lui le porte parole du collectif « Décoloniser les arts » dont les membres ont manifesté dans le silence devant les Folies Bergère dénonçant une cérémonie « monochrome ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Molière du Théâtre privé
-Les Cavaliers d’après Joseph Kessel, mise en scène Eric Bouvron et Anne Bourgeois, Théâtre La BruyèreMolière du Théâtre public
-Ça ira (1) fin de Louis, de et mise en scène de Joël Pommerat, Théâtre Nanterre-AmandiersMolière de la Comédie
-Les Faux British, de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, mise en scène Gwen Aduh, Théâtre Tristan BernardMolière du Comédien dans un spectacle de Théâtre privé
-Wladimir Yordanoff dans « Qui a peur de Virginia Woolf ? » de Edward Albee, mise en scène Alain FrançonMolière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé
-Catherine Frot dans « Fleur de Cactus »Molière du comédien dans un spectacle du Théâtre public
-Charles Berling dans vu du Pont d’Arthur Miller, mise en scène Ivo Hove.Molière de la comédienne dans un spectacle de Théâtre public
-Dominique Blanc dans « Les Liansons Dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos, mise en scène Christine LetailleurMolière du Comédien dans un second rôle
-Didier Brice dans « A tort et à raison »Molière de la Comédienne dans un second rôle
-Anne Bouvier dans « Le Roi Lear » de Shakespeare, mise en scène Jean-Luc RevolMolière de la Révélation féminine
-Géraldine Martineau dans « Le poisson Belge »Molière de la Révélation masculine
-Alexis Moncorgé dans Amok de Stefan Zweig, mise en scène Caroline DarnayMolière de l’auteur francophone vivant
-Joël Pommerat pour Ça ira (1) fin de LouisMolière du Metteur en scène d’un spectacle de Théâtre public
-Joël Pommerat pour Ça ira (1) fin de LouisMolière du Metteur en scène d’un spectacle de Théâtre privé
-Alain Françon pour « Qui a peur de Virginia Woolf ? »Molière de la Création visuelle
– 20 000 lieues sous les mers, d’après Jules Vernes, mise en scène Christian Hecq et Valérie Lesort, Théâtre du Vieux ColombierMolière du spectacle musical
– Les Fiancés de Loches, de Georges Feydeau et Maurice Desvallières, mise en scène Hervé Devolder, Théâtre du Palais-Royal.Molière de l’humour
-Alex Lutz, d’Alex Lutz et Tom Dingler, mise en scène de Tom DinglerMolière du jeune public
– Pinocchio, de et mise en scène Joël Pommerat, Théâtre de l’Odéon.Molière seul/e en scène
– Les Chatouilles (ou la danse de la colère),d’Andrea Bescond, mise en scène Eric Métayer, Théâtre du Petit Montparnasse.
Pour le jeune public, c’est une blague ?
il n’y a pas que pour le jeune publc que c’est une blague mais il y a aussi des nominations qui font plaisir de par le talent des nominés. c’est toute l’ambiguïté de cette machine qui fonctionne avce un petit réseau et d’excelents attachés de presse qui font bien leur travail…
C’est à croire que l’ensemble du théâtre français ne se joue qu’à Paris ! Il y a des spectacles formidables en province , montés par des compagnies qui malheureusement et faute de budget ne peuvent se rendre à la capitale ! Si c’était le collège des électeurs qui se déplaçait un peu. Les Molière sont censés récompenser le théâtre sur tout le territoire français, non ? Est-ce du mépris pour les « petites compagnies » ? De plus quid des spectacles qui se jouent dans des « petits » théâtres (en province ou à Paris).
Les Molière sont-ils vraiment représentatifs de l’ensemble du spectacle vivant de notre pays ?
Il y a exactement 43 spectacles + 5 Molière de l’humour nommés cette année, c’est bien. Quelques spectacles figurent dans trop de catégories mais cela est dû à certains qui ont le bras un peu plus long que les autres… Bref, c’est bien réparti dans l’ensemble. On ne peut pas sélectionner non plus tous les spectacles même s’ils sont formidables. Il faut qu’ils aient été vu par un large public, qu’ils aient attiré du monde, etc, etc. D’ailleurs certains sont nés en province donc ne faisons toujours du « parisianisme » à tout va. Ça devient parfois lourd ou faisons deux Molières : un parisien et un de province pour voir si ça marche.