Richard II, le destin de ce roi qui bannit Mowbray et Bullingbrook, pour finir destitué et céder son trône à ce dernier qui va devenir Henry IV. « L’Angleterre de Richard II est un pays imaginaire, fantasmé, un jardin rêvé comme un paradis perdu, explique Jean-baptiste Sartre. Ce monde rappelle à la fois « l’Enfer » de Dante et le monde merveilleux d’un jardin de Lewis Caroll dans lequel les apparences se renversent… ». On a beau chercher, on ne trouve rien de cela dans le spectacle. Le plaisir d’écouter la langue de Shakespeare est très vite émoussé par une mise en scène sans relief. Une énorme poutre en bois, et une table constituent les seuls éléments de décor. Sur les murs magnifiques de la Cour, une vidéo déformant la structure de la pierre est projetée. Elle va bouger quelque peu pendant le spectacle pour s’éteindre au moment de la mort de Richard II. La scénographie imaginée par l’artiste Sarkis est d’une grande tristesse. Des éléments sonores concoctés par l’IRCAM sont censés rythmer l’action. Ils ne sont là que pour réveiller les spectateurs qui sombrent très vite dans le sommeil.
On pense alors à se raccrocher au jeu des comédiens. Peine perdue. Denys Podalydès n’embarque pas la pièce, sa couronne de brille pas. Seul Vincent Dissez (Harry Bullingbrook) se jette avec la conviction qu’on lui connaît pour essayer de sauver le spectacle. Mais seul il n’y parvient pas. Jean-Baptiste Sartre a choisi de faire jouer Florence Delay de l’Académie Française. Ecrivain, traductrice, son histoire est mêlée à celle du Festival. Elle a été régisseur-stagiaire de Jean Vilar, et a traduit « La Célestine » de Fernando de Rojas dans la mise en scène de Vitez en 89 dans la Cour. Celle qui fut la Jeanne d’Arc de Robert Bresson fait peine à voir.
Passons sur les moments incongrus du spectacle : l’air du « Beau Danube bleu », le chant des jardiniers gay très niais, ou encore les éclairages blafards d’André Diot – embarqué dans cette galère. Un « Richard II » sans énergie, sans fil conducteur, et sans direction d’acteurs.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Après des études au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris, Jean-Baptiste Sastre signe en 1995 sa première mise en scène, Histoire vécue du roi Toto, d’après l’oeuvre d’Antonin Artaud. Il montera par la suite des textes de Genet, Duras, Marlowe, Büchner, Marivaux, Labiche ou Coleridge. Son travail de metteur en scène ne consiste pas seulement à assurer la direction d’acteurs, mais aussi à créer avec ceux qui l’accompagnent, et plus particulièrement les poètes et les plasticiens dont il s’entoure, une esthétique propre à chaque spectacle. À partir de 2005, Jean-Baptiste Sastre, alors lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Londres, débute un travail sur le théâtre élisabéthain et tout particulièrement sur La Tragédie du roi Richard II qu’il présentera cette année dans la Cour d’honneur, pour sa première participation au Festival d’Avignon. Pour sa mise en scène de La Tragédie du roi Richard II, Jean-Baptiste Sastre s’appuie sur une nouvelle traduction de la pièce réalisée par Frédéric Boyer. S’intéressant d’abord à la littérature, à la philosophie et à l’exégèse, celui-ci publie à trente ans son premier récit, La Consolation. Il ne cessera alors d’écrire des romans, des essais, de la poésie, sans négliger des travaux de traduction. C’est à ce titre qu’il sera le maître d’oeuvre du chantier qui aura permis, en 2001, l’édition d’une nouvelle version de la Bible par des écrivains contemporains, dont Olivier Cadiot, Jean Echenoz et Valère Novarina. Sa traduction de La Tragédie du roi Richard II, accompagnée de celle des Sonnets, est éditée chez P.O.L.
Plasticien invité dans le monde entier, installé en France depuis 1962, Sarkis accompagne Jean-Baptiste Sastre dans la création de La Tragédie du roi Richard II, après une première collaboration autour d’une installation sonore, visuelle et odorante à la Grande Mosquée de Paris, pour l’édition 2009 de la Nuit Blanche. Véritable sculpteur d’espaces, il travaille notamment sur la lumière, la vidéo et sur des objets chargés d’histoire, rencontrés au hasard de la vie, qu’il met en scène pour établir un pont entre présent et passé.
La Tragédie du roi Richard III
mise en scène Jean-Baptiste Sastre
traduction Frédéric Boyer
scénographie avec Sarkis
lumière André Diot
son André Serré
costumes Domenika Kaesdorf
vidéo Benoît Simon
assistanat à la mise en scène Stefano Laguni
mise en espace sonore Ircam/Markus Noisternig
conseillers scientifiques Ircam pour la WFS (Wave Field Synthesis) Olivier Warusfel, Joseph Sanson
avec Axel Bogousslavsky, Pascal Bongard, Frédéric Boyer, Cécile Braud, Jean-Charles Clichet, Jérôme Derre, Jean Echenoz, Bénédicte Guilbert, Yvain Juillard, Pierre Michon, Alexandre Pallu, Denis Podalydès de la Comédie-Française, Anne-Catherine Regniers, Nathalie Richard (distribution en cours)
Production Festival d’Avignon
coproduction France Télévisions, Les Gémeaux-Sceaux Scène nationale, Centre national de Création et de Diffusion culturelles de Châteauvallon dans le cadre d’une résidence de création, compagnie Aï, Théâtre de Nîmes, Le Phénix Scène nationale Valenciennes, Théâtre de la Place (Liège), Ircam-Centre Pompidou
avec la participation artistique du Jeune Théâtre national, de l’École nationale supérieure d’Art dramatique de Montpellier Languedoc-Roussillon, du Centre des Arts scéniques de la Communauté française de Belgique
avec le soutien de la Région Ile-France, du Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène nationale, du CENTQUATRE Établissement artistique de la Ville de Paris
avec l’aide de MMA et de SCOR
Le Festival d’Avignon reçoit le soutien de l’Adami pour la production.
Cour d’honneur du Palais des papes
Création 2010
Du 20 au 27 juillet 2010
Durée : estimée 2h45
TARIFS : de 38€ à 13€
La traduction de Frédéric Boyer est éditée aux éditions P.O.L
Du 6 au 16 janvier 2011 – Les Gémeaux
Du 20 au 22 janvier 2011 – Le Phénix – Valenciennes
Du 25 au 29 janvier 2011 – Théâtre du Gymnase – Marseille
Les 3 et 4 février 2011 – Douai – Hippodrome
Les 10 et 11 février 2011 – L’Espace des Arts – Chalon-sur-Saône
Les 15 et 16 février 2011 – Bonlieu – Annecy
Du 1er au 5 mars 2011 – Saint Quentin-en-Yvelines
Les 15 et 16 mars 2011 – Maison de la Culture d’Amiens
Du 22 au 25 mars 2011 – La Comédie de Clermont-Ferrand
Les 30 et 31 mars 2011 – Le théâtre de Lorient
Les 7 et 8 avril 2011 – Théâtre de Nîmes
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !