Voici enfin le premier spectacle de Rodrigo Garcia depuis sa nomination fin 2013 au CDN de Montpellier (rebaptisé hTh). Il s’appelle « 4 » comme les 4 comédiens qui l’incarnent, comme les 4 coqs qui les accompagnent sur la scène. L’argentin, souvent provocateur par le passé, signe une pièce sans grand intérêt.
Le public semble avoir rajeuni dans la salle, le hall du hTh est vivant, un dj s’affaire sur des platines, les WC sont devenus le dernier endroit où l’on s’exprime (le détour vaut le coup d’œil). Tout a changé à Grammont. Un vrai choc culturel après le passage de Jean-Marie Besset. Le plat est donc appétissant, mais qu’y a-t-il dans l’assiette ?
4 est un spectacle sur la « société qui considère la vie humaine comme un bien bon marché » dit Rodrigo Garcia. Il reprend l’un de ses thèmes favoris: la critique de la société consumériste, en insistant ici sur la profonde inculture de l’époque, notamment de la jeunesse, plus intéressée par le paraître que les nourritures spirituelles. Intéressant. Mais quand on creuse, les moyens utilisés ne vont pas bien loin.
Les 4 comédiens arrivent enchaînés dans une sorte de toile d’araignée et écoutent religieusement un poème, puis les 4 coqs font leur entrée, baskets aux pattes. On esquisse un sourire. Puis les tableaux s’enchaînent, sans réelle poésie, ni provocation. On joue au tennis face à « L’origine du monde » le tableau de Courbet et lorsque les balles arrivent dans le sexe, la toile vibre. Un drone ventilateur survole la scène, une tête de loup articulée dit des obscénités, on propose au public de danser la cumbia. Surtout abstenez-vous car vous risqueriez d’être prisonnière (visiblement le rôle est dévoué à une femme) d’une scène qui pourrait vous mettre mal à l’aise. Une spectatrice est invitée à se blottir dans un sac de couchage pour dialoguer avec la comédienne. Il est question de cuisine, mais la conversation bifurque sur le « doggy style », la levrette quoi. La spectatrice est traînée sur la scène dans tous les sens, elle est contrainte de se cambrer pour se faire simuler une levrette ! Personne ne rie devant une scène aussi affligeante.
Les images s’enchaînent, sans grand intérêt. Deux gamines bimbo candidates aux minis Miss dansent en talons hauts, un samouraï espagnol parle de sa tante Tota, on s’enlace sur un lit en forme de véritable savon de Marseille, on écoute des vinyles sur une platine, on donne à manger des vers à des plantes carnivores. Et au bout du compte à défaut d’être trash, la pièce s’épuise et nous épuise. Pas de quoi fouetter un chat ou un coq !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
4 de Rodrigo Garcia
Avec : Gonzalo Cunill, Núria Lloansi,Juan Loriente, Juan Navarro
Vidéo : Ramón Diago, Daniel Romero
son : Daniel Romero, Serge Monségu
Scénographie lumière : Sylvie Mélis
Costumes : Marie Delphin
Assistant à la mise en scène : John Romão
Production déléguée : Humain trop humain – CDN Montpellier
Coproduction : Théâtre Nanterre-Amandiers CDN, Festival d’Automne à Paris, La Maison de la Culture d’Amiens – Centre européen de création et de production, Théâtre de Liège, Bonlieu Scène nationale.
spectacle en espagnol surtitré
Durée: 1h30Du 5 au 7 novembre 2015 création à hTh – CDN Montpellier
Du 12 au 22 novembre 2015 au CDN – Nanterre – Amandiers (dans le cadre du Festival d’Automne à Paris)
Le 26 novembre 2015 au Théâtre Le Phénix / Valenciennes
Le 5 décembre 2015 au Théâtre National de Lisbonne / Portugal
Le 11 décembre 2015 au Théâtre municipal de Porto / Portugal
Les 15 et 16 décembre 2015 à La Comédie de Caen – CDN de Normandie
Du 8 au 9 janvier et du 13 au 16 janvier 2016 au Théâtre Garonne à Toulouse
Les 20 et 21 janvier 2016 à Bonlieu Scène nationale Annecy
Les 28 et 29 janvier 2016 à La Maison de la culture d’Amiens
Les 4 et 5 février et du 9 au 11 février 2016 à hTh – CDN Montpellier
Du 16 au 18 mars 2016 au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (TNbA)
Les 31 mars et 1er avril 2016 au Centre Dramatique National de Haute Normandie / Rouen
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