Après s’être attaqué plusieurs fois à Shakespeare (Richard III, Hamlet), Dan Jemmett tourne la caméra : de la scène, il se dirige vers les coulisses et, tout en se servant du dramaturge anglais, il montre une séance de travail où un metteur en scène explosif fait travailler Macbeth à son équipe. Un spectacle tout en exagération virtuose et autodérision salutaire, repris au Lucernaire.
David Ayala bondit sur scène, un grand cahier sous le bras. Dans la salle, pas de spectateurs, seulement l’équipe du Macbeth qu’il est en train de créer : une assemblée d’acteurs, assistants et techniciens… En réunion post-répétition, Ayala est là pour nous adresser ses remarques, idées et autres détails à reprendre : faire son travail de metteur en scène.
Cette idée simple, qui pourrait faire l’objet de quelques blagues flattant l’idée reçue d’un metteur en scène comme étant forcément enragé impatient, David Ayala construit une incroyable performance – gesticulant avec maîtrise durant 1h50 sur scène. Doté d’une énergie débordante, explosive, il est dans l’exagération nécessaire à la pulsion créatrice. En fonction des remarques, il saute, explose, compare et tente de trouver l’idée juste pour faire comprendre à ses comédiens la pensée de laquelle il aimerait nourrir son Macbeth. Du public, on imagine cette mise en scène se voulant sobre, mais visiblement délirante, à laquelle on a échappé. Les allusions, les blagues et les traits d’autodérisions sont nombreux : de la traduction d’Yves Bonnefoy à la mise en scène d’Hamlet – assumée ratée – de Dan Jemmett à la Comédie-Française en 2013 en passant par la nécessité de tuer les journalistes. Face à tant d’autocritique a peine masquée, on a envie de tout lui pardonner.
On regrettera un détail : parfois, la salle s’éteint, un projecteur s’allume sur le visage d’Ayala, et le metteur en scène incarne un personnage le temps d’une réplique. Ces moments voulus de ruptures ne sont pas totalement maîtrisés par l’acteur qui passe difficilement de l’énergie débordante et généreuse du metteur en scène à l’intériorité nécessaire d’une Lady Macbeth ayant perdu l’esprit. Ce trait passé, on retiendra néanmoins ce Macbeth (The Notes) comme un voyage en coulisse drôle, prenant, vrai et instructif !
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Macbeth (the notes) d’après Macbeth de William Shakespeare
Traduction Jean-Michel Déprats
Adaptation Dan Jemmett et David Ayala
Conception et mise en scène Dan Jemmett
Collaboration artistique Juliette Mouchonnat
Avec David Ayala
Production Compagnie des Petites HeuresLucernaire DU 28 AOÛT 2019 AU 13 OCTOBRE 2019
D U M A R D I A U S A M E D I À 1 9 H
D I M A N C H E À 1 6 HDurée : 1h25
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !