Il sera le Roi Lear 2015 dans la Cour d’honneur. Un lieu qu’il connaît bien. En 1978 il était de l’aventure du Soulier de satin avec Antoine Vitez. A Avignon il a également accompagné l’épopée de la Servante d’Olivier Py en 1995. Comédien fidèle à Olivier Py mais aussi à Stéphane Braunschweig, Philippe Girard évoque son personnage.
- C’est votre premier Lear car il faut attendre pour jouer ce rôle
Il faut avoir piétiné la scène un bon moment avant de pouvoir se confronter à cette figure légendaire.
- A partir de quel moment Olivier Py a commencé à vous en parler ?
L’an dernier juste avant la création d’Orlando. Cela a été un effarement, un arrêt cardiaque ! Lear, rien que cela !Je lui ai demandé si je n’étais pas trop jeune. Et puis la question de l’âge au théâtre c’est d’abord l’âge rêvé. Antoine Vitez me disait cela à l’école : « Il faut rêver le grand âge ». Mais il n’est pas si vieux que cela. Il quitte le pouvoir en plein usage de sa force pour profiter de la vie et la découvrir au-delà des méandres du pouvoir et de sa folie.
- On se focalise sur ce personnage, mais ce n’est pas le seul fou de la pièce.
C’est une pièce grecque. La plus grecque de toutes les pièces de Shakespeare. C’est la plus eschyléenne. C’est une pièce sur l’hubris. Il y a l’hubris du père. Et quand les filles ont mis à mort le père se déchaîne l’hubris féminin qui détruit la totalité du monde et du royaume.
- Comment vous vous sentez sur le plateau ?
C’est une grande joie d’être sur cette Cour. C’est un espace miraculeux pour la parole. Chanter sous les étoiles, il n’y a rien de plus beau. Danser la folie de Lear sous les étoiles, il n’y a rien de plus beau au monde. C’est le plus beau cadeau qu’Olivier pouvait me faire.
- Dans une nouvelle traduction d’Oliver Py. Qu’est ce qu’elle apporte à la pièce ?
C’est une traduction admirable. Il a trouvé une dynamique du langage. Il a dynamisé la langue pour la faire ressembler à la dynamique anglaise. Il y a de temps en temps un alexandrin qui fuse et cela rend la langue chantante. C’est un texte merveilleux sans rien trahir de Shakespeare. Il a juste hotté le décoratif du 16ème et dès que le spectacle commence on est au cœur de l’action.
- Comment vous êtes vous préparez ?
J’ai lu toutes les traductions existantes. Il faut travailler beaucoup en amont. J’ai beaucoup pensé à Richard Burbage qui a créé le rôle en 1607. J’ai essayé de me l’imaginer dans ce Globe dont la jauge était aussi grande que la Cour d’honneur, comment il a pu représenter la folie dans la lande. C’est très amusant de rêver le théâtre que Shakespeare a fait en son temps en le rapprochant de nous.
- Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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