Le roman de Kamel Daoud, « Meursault, contre-enquête » est un chef d’œuvre de la littérature, prix Goncourt du 1er roman, traduit en 24 langues. Philippe Berling est passé totalement côté de la puissance du texte, malgré la présence d’un grand comédien algérien, Ahmed Benaïssa.
La scénographe Nathalie Prats a reconstitué la façade d’une maison traditionnelle algérienne. Nous sommes dans la cour de la demeure de Haroun, le frère de Moussa, l’arabe assassiné par Meursault dans « L’Etranger » de Camus. Kamel Daoud donne un nom à cet arabe, c’est tout le cœur de son œuvre qui traite de l’Algérie d’aujourd’hui. Dans le roman, Haroun soliloque à la terrasse d’un café. Ici Philippe Berling le fait dialoguer avec sa mère interprété par la chanteuse Anna Andreotti.
On retrouve l’humanisme de l’écriture de Kamel Daoud, mais l’absence cruelle de mise en scène nuit au spectacle qui ne rend pas hommage à ce roman salué dans le monde entier. Le dialogue avec la mère n’apporte pas grand-chose, au contraire les chansons appuyées d’Anna Andreotti sont crispantes et contre productives.
Il reste la performance d’acteur de Ahlmed Benaïssa, star en Algérie, peu connu en France, mais qui a joué du Kateb Yacine et du Aimé Césaire sous la direction de Jean-Marie Serreau dans les années 70. Sa voix rocailleuse et trainante donne de la vie à Haroun. C’est comme cela qu’on l’avait imaginé en lisant le roman de Kamel Daoud. C’est comme cela que l’auteur l’imaginait également. C’est la seule petite lueur dans ce spectacle peu lumineux.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Adaptation et mise en scène Philippe Berling
Scénographie et costumes Nathalie Prats
Lumière et vidéo Daniel Levy
Avec Ahmed Benaïssa
et la chanteuse Anna Andreotti
Production Théâtre Liberté-Toulon
Coproduction Festival d’Avignon, Théâtre des Bernardines-Marseille
Avec le soutien de la Spedidam
Durée: 1h30Festival d’Avignon 2015
Benoît XII
Du 21 au 25 juillet
15h
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !