Dorothée Munyaneza raconte le génocide du Rwanda de l’intérieur, elle la petite fille de 11 ans contrainte de fuir Kigali et ses massacres. Mais le matériau expérimental qu’elle utilise nous a totalement gâché le plaisir d’écouter cette histoire pourtant si touchante. Le spectacle créé en 2015 poursuit son chemin en tournée.
Des bruits de lames que l’on aiguise, une lame qui frappe un bout de bois, la machette qui a ensanglanté le Rwanda est tenue fermement par Dorothée Munyaneza. Au sol une radio égraine un programme musical, c’est l’émission « Samedi détente », rendez-vous rituel immanquable de la petite Dorothée qui programme des tubes anglo-saxons et africains. La diffusion de cette émission prend fin le 6 avril 1994, funeste journée, lors de laquelle un pays bascule dans la violence et la barbarie. Assise sur une table, Dorothée Munyaneza susurre au micro son texte. Elle est accompagnée par le compositeur électroacousticien Alain Mahé qui mixe les sons en direct et par la danseuse Nadia Beugré.
Une énorme bâche est accrochée à deux grandes roues, une sorte de machine à envelopper les corps du génocide. Dorothée Munyaneza a beaucoup travaillé avec François Veyret, on la sent donc influencée par le travail expérimental du chorégraphe. Mais ici la recherche théâtrale gomme l’âme et la force de son histoire si bouleversante. Le spectacle oscille entre installation, chorégraphie minimaliste et exploration sonore. On perd beaucoup de l’intensité du texte. On aurait aimé être emporté par le zouglou, la danse des opprimés ou ému par le théâtre d’ombre lorsque la structure se met en marche, mais cela n’a pas été le cas.
Il reste heureusement l’essentiel, l’importance de continuer à raconter aujourd’hui sur une scène de théâtre le génocide du Rwanda. Dorothée Munyaneza interpelle les spectateurs et réveille nos consciences. Elle égratigne à juste titre le pouvoir politique français de l’époque et François Mitterrand. « Et vous que faisiez vous le 6 avril 1994 ? », c’est la dernière phrase du spectacle, comme pour provoquer en nous le malaise de ne pas s’être soulevé à l’époque contre la barbarie et l’ignominie.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Samedi détente – conception, texte, danse et voix Dorothée Munyaneza
avec Nadia Beugré (danse), Alain Mahé (musique et improvisation), Dorothée Munyaneza
regard extérieur Mathurin Bolze
création lumière Christian Dubet
scénographie Vincent Gadras
costumes Tifenn Morvan
régie générale Marion Piry
direction de production, diffusion Emmanuel Magis ANAHIProduction Cie Kadidi. Direction de production, administration, diffusion Emmanuel Magis/ANAHI. CoproductionThéâtre de Nîmes–scène conventionnée pour la danse, Théâtre La Passerelle–scène nationale de Gap et des Alpes du Sud, Théâtre des Salins–scène nationale de Martigues, L’Onde–Théâtre Centre d’Art de Vélizy-Villacoublay, Pôle Sud–Strasbourg, Théâtre Jacques Prévert–Aulnay-sous-Bois, Le Parvis–scène nationale de Tarbes, Théâtre Garonne–Toulouse, Réseau Open Latitudes 2, Théâtre de Liège, Théâtre de la Ville–Paris, BIT Teatergarasjen, Bergen. Avec le soutien du Théâtre Le Monfort–Paris, de la Friche Belle de Mai–Marseille, de la DRAC PACA–ministère de la Culture et de la Communication, de la SACD-musique de scène et de l’Association Beaumarchais. Avec l’aide d’Arcadi Ile-de-France / dispositif d’accompagnements et de l’ADAMI.
durée 1h15
Théâtre des Abbesses
le mardi 25 avril 2017 – 20h30
le mercredi 26 avril 2017 – 20h30
le jeudi 27 avril 2017 – 20h30
le vendredi 28 avril 2017 – 20h30
Festival de Marseille 2017
mar 20 juin
20:30
Le Merlan
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