Les fêlures familiales révélées dans Les oies se gardent entre elles
Les obsèques sont souvent révélatrices d’histoires familiales enfouies dans les mémoires. Antoine de la Roche a écrit une pièce sensible sur une famille qui se réunit le jour des funérailles du grand-père, au moment de la migration des oies sauvages. Une écriture qui lorgne par moment vers Tchekhov.
Des images nostalgiques en guise d’héritage, c’est ce que laisse Louis, le grand-père de cette famille, décédé le jour de la migration des oies sauvages. Ses petits-fils, Tom et David, sa fille Ava et son mari André et Anna la nièce d’Anne sont réunis au domicile du défunt. Une table, des chaises, une armoire rustique comme éléments de décors sur un plateau nu, et l’accompagnement musical de Xavier Bussy créent une atmosphère de recueillement. Ce décès va faire ressortir les plaies non refermées de cette famille: la mort accidentelle vingt-cinq plus tôt de Jean, tombé du haut d’une falaise. Son frère Tom ne s’en est jamais remis. Il est possédé par l’image de son frère. Tom est incarné par Anthony Breurec très touchant lorsqu’il se blottit contre son grand-frère Jean (Alexis Jebeile). Car le fantôme de Jean est présent sur scène, il hante la pièce. Ce n’est pas Louis le grand-père que l’on enterre, c’est aussi ce fils trop vite disparu.
« La douleur reste le seul témoignage de ma mémoire » dit André le père. La mort prématurée de ce fils a laissé des traces dans cette famille en totale recomposition. Et ce n’est pas l’adoption de David qui a aidé à panser les plaies. La pièce est une succession de tableaux, certains très courts, où les noirs créent des silences. Il y a un côté Tchekhovien dans l’écriture d’Antoine de la Roche. Anna qui est la personne la plus extérieure à cette famille lance à un moment: « On part tous demain matin« . Une réplique digne de La Mouette ou des Trois Sœurs !
Antoine de la Roche laisse planer des mystères. Les oies passent au dessus de la tête de cette famille comme des oiseaux de mauvaise augure. C’est onirique et poétique. Le jeu est parfois encore un peu vert et demande à se laisser porter par ce texte qui laisse des pointillés et des creux. C’est en tout cas la découverte d’une belle écriture touchante et sensible.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les oies se gardent entre elles
Compagnie
LE COMBAT ORDINAIRE
Auteur
ANTOINE DE LA ROCHE
Metteur en scène
ANTOINE DE LA ROCHE
Scénographie
Kim Lan Nguyen
Collaboration
Benjamin Bodi
Jeu
Anthony Breurec, Xavier Bussy, Xavier Duthu, Shams El Karoui, Alexis Jebeile, Catherine Morlot, Christian Pageault, Catherine Raynaud
Musique
Création musicale et sonore Xavier Bussy
Lumière
Yann Loric
Administration
Administration Aurélie Maurier – Diffusion Élodie Kugelman
Production Le combat ordinaire, avec le soutien du Théâtre de Vaugarni, du Théâtre de l’Aquarium, de la Ménagerie de verre dans le cadre du Studiolab ; et de la Maison des auteurs de la SACD. Texte sélectionné par le Bureau des lecteurs de la Comédie Française en Juin 2013. Coréalisation L’ÉCHANGEUR – Cie Public Chéri.
DUREE 1h25
L’échangeur à Bagnolet
Du 6 janvier 2015 au 13 janvier 2015
du lundi au samedi [20h30] – dimanche [17h] – jeudi 08 [relâche]
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