Le collectif Bordelais OS’O est de retour au 104, après avoir gagné le prix du Festival Impatience en 2015. Ce spectacle, plébiscité par le public comme par les professionnels, est un concentré didactique salutaire et passionnant.
Le thème n’est ni Timon, ni Titus mais le traitement de la dette. Non pas comme Balzac le fait dans Le Faiseur mais comme des jeunes trentenaires d’aujourd’hui en débattraient entre eux. On comprend bien vite que la dette est source de culpabilité. Ce Timon/Titus est donc une fable moderne pour dire que l’argent tue.
Mais de quelles dettes parle-t-on ? Pour le collectif OS’O, les mots sont importants. Dettes morales ? Dettes financières ? Deux domaines séparés dans une même scénographie, un double champ d’action où coulissent différents degrés de réalités. Lorsque la discussion est d’ordre économique, les comédiens sont assis à leurs pupitres autour du plateau. L’économie finit toujours par glisser vers la morale, là, les personnages occupent la scène et ils sont les membres d’une famille où les dettes morales s’accumulent. Les deux espaces s’illustrent l’un et l’autre : la situation évolue sans cesse, se rejoue, recommence en fonction des arguments échangés dans le débat.
Alors pourquoi d’après William Shakespeare ? Dès la première intervention, un acteur nous dit que ce n’est qu’un prétexte. Titus est raconté à la va-vite et Timon sera joué par une partie de la famille endettée. On comprend peu à peu que si les mots ne sont pas là, les situations sont construites à partir des enjeux des deux pièces. Sans ces dialogues, on puise chez le dramaturge anglais pour rendre universelles des histoires actuelles.
Le collectif se donne, bouge, crie, mené par une musique au rythme d’enfer, avant de sombrer plusieurs fois dans le grand guignol. Les personnages stéréotypés aux caractères exagérés ne cessent de provoquer le rire dans des situations gravissimes. OS’O nous fait penser à un mélange mesuré entre Les Chiens de Navarre, en moins trash et les créations de Sylvain Creuzevault en moins intello, sans pour autant occulter la brutalité et le fruit salutaire d’une réflexion collective.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
TIMON / TITUS D’après William Shakespeare
Un projet du Collectif OS’O
Mis en scène par David Czesienski
Dramaturgie : Alida Breitag
Avec : Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Lucie Hannequin, Marion Lambert et Tom Linton
Scénographie et costumes : Lucie Hannequin
Assistante costumes : Marion Guérin
Musique : Maxence Van De Velde
Régisseur général : Emmanuel Bassibé
Création Lumière : Emmanuel Bassibé, Yannick Anché
Durée : 2h20au CENTQUATRE-PARIS du 10 au 26 novembre 2016
en co-accueil avec le Théâtre National de la Colline – Paris (75)
10 > 12 octobre 2016 • Théâtre Universitaire • Nantes
02 > 03 novembre 2016 • Théâtre Sorano • Toulouse
05 novembre 2016 • Scène Nationale • Saint-Quentin-en-Yvelines
08 novembre 2016 • Espace 1789 • Saint-Ouen
10 > 26 novembre 2016 • 104 • Paris
03 décembre 2016 • Le Phénix • Valenciennes
07 mars 2017 • M270 • Floirac
15 mars 2017 • Les Trois T • Châtellerault
06 avril 2017 • Le Canal • Redon
05 mai 2017 • Théâtre Louis Aragon • Tremblay-en-France
09 mai 2017 • L’apostrophe • Cergy-Pontoise
16 mai 2017 • Espace Culturel d’Albert • Nérac
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