Irina Brook ouvre sa saison avec un Peer Gynt détonnant. Le spectacle a été créé il y a deux ans au Festival de Salzbourg. Ici Peer Gynt interprété par l’immense comédien islandais Ingvar E. Sigurðsson rêve de devenir une rock star. Peer Gynt devient PG the Dude ! Irina Brook a demandé à Iggy Pop de lui composer deux chansons pour l’occasion. Ce spectacle efficace, très américain dans l’esprit donne le ton d’un changement d’orientation au Théâtre National de Nice ! Rencontre avec Irina Brook
Pourquoi avoir choisi d’ouvrir votre saison avec ce Peer Gynt
C’est un spectacle que j’ai créé il y a deux ans au Festival de Salzbourg. Ce spectacle est grandiose, proche de mon cœur, et c’était tragique pour moi de ne jouer que dix jours car j’aime travailler sur le durée. Je n’attendais qu’une opportunité pour prolonger ce travail qui n’était qu’une première ébauche. Ma nomination à Nice est bien tombée car je dois faire une grande création par an. Je ne suis pas une boulimique alors cela m’a intéressé de travailler encore plus en profondeur un spectacle que j’aime. C’est idéal ici sur ce grand plateau et j’ai eu la chance de pouvoir regrouper ces talents. Je voulais montrer ouvertement ce que j’aime. Désormais le public de Nice sait qui je suis.
Est ce que cela permet au public de tourner rapidement la page du passé ?
On me demande assez souvent de me positionner par rapport au passé. Moi je trace mon chemin et ce n’est pas pour rompre avec le passé. J’ai beaucoup joué ici pendant douze ans. Le public est formidable et réceptif. J’arrive pour faire mon travail. Mais où que j’aille j’aime tout changer ! Le théâtre est comme une continuation de ma vie de tous les jours.
La pièce d’Ibsen permet un grand voyage et cela permet beaucoup d’ouverture pour un metteur en scène. Et vous avez choisi de nous faire voyager à travers la musique.
Tous mes voyages au théâtre sont accompagnés de musique et de danse. C’est essentiel dans mon travail et très lié à ce que je fais. J’ai la chance d’avoir pu réunir des musiciens de plusieurs horizons qui viennent du jazz, du classique et de la pop pour constituer un ensemble pour jouer des genres différents et suivre cette épopée folle de Peer Gynt qui passe à travers des ambiances émouvantes et fortes. On a transposé du Grieg en passant par du rock et du folk américain.
Comment avez-vous fait pour qu’Iggy Pop vous écrive deux chansons ?
Je suis têtue. Je l’ai connu il y a longtemps et son manager m’a mis en contact. Il a été ravi de contribuer à ce spectacle qui lui ressemble.
Et du coup Peer Gynt devient PG et c’est une rock star…
Peer Gynt vient d’un village paumé et perdu. Il est pauvre, il n’a pas de père, sa mère est sur son dos. C’est un loser, il n’arrive rien à faire de sa vie et s’échappe grâce à l’imaginaire qui est un des thèmes les plus classiques du théâtre. La seule façon de sortir de sa pauvreté et de son anonymat c’est d’être quelqu’un et d’être une star. Dans l’original il devient un gros businessman. Ici il veut être connu alors il devient une rock star et c’est crédible.
La pièce tient beaucoup grâce à la personnalité du comédien qui l’interprète et vous avez choisi un comédien islandais Ingvar E. Sigurðsson
J’ai une chance inouï d’avoir un acteur si grand sur scène. C’est une star en Islande. Il est exactement ce que je cherchais. Il fallait quelqu’un de plus âgé qui pouvait revenir à le jeunesse car la pièce parle de l’expérience de la vie, de la maturité et de ce que l’on trouve à la fin de sa vie. C’était inconcevable de voir un petit jeune brillant qui ensuite de vieillit avec du maquillage grisonnant. Car il faut ce poids de l’âge. Il a une telle force et telle une profondeur. Il a le côté gamin et énergétique d’un garçon de dix huit ans.
C’est un casting très international, est-ce que cela sera l’un des axes de votre travail à Nice ?
C’était le titre de mon projet, un théâtre ouvert sur l’international. Car Nice est un croisement de culture et de nationalités. C’est la seule ville de France à part Paris où l’on entend autant de langues dans la rue. Je me sens bien ici car c’est un croisement de cultures.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
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