Après The Second Woman, voici la nouvelle collaboration entre le musicien Frédéric Verrières et le metteur en scène Guillaume Vincent. Ils présentent une version très libre de La Bohème de Puccini avec des chanteurs lyriques et pop. Un résultat détonnant qui divise le public.
Le début du spectacle fait franchement peur. Il a fallu s’accrocher aux dix premières minutes, à cette musique dissonante éructée par les chanteurs à l’aide de mégaphones sur le plateau très instable imaginé par Guillaume Vincent. Le metteur en scène a installé une trentaine de matelas à même le sol dans un univers de squat déglingué. Des canapés sont recouverts de couettes aux motifs de mauvais goût. Des sapins de Noël (y compris dans leur version McCarthy) font face à une forêt d’écrans de télé et de moniteurs vidéo. L’ensemble musical Court-Circuit dirigé par Jean Deroyer domine le tout au fond de la scène.
Frédéric Verrières aime retravailler les partitions. Ici il s’amuse avec les notes de Puccini. Il accélère la musique, la ralentit, la déforme, il joue sur l’élasticité de la partition en la traduisant dans des rythmes qui vont de la musique contemporaine à l’électro en passant par la salsa ou la comédie musicale.
Deux mimis se répondent dans cette version de la Bohème. Il y a Judith Fa, chanteuse lyrique formée à la Maîtrise de Radio France et la chanteuse pop Camélia Jordana. Il revient ainsi à chaque spectateur de se fabriquer sa propre Mimi à partir des bribes jetées sur le plateau.
L’amour est au cœur du propos qui parfois est alourdi par des digressions, des histoires, des allusions à l’actualité (comme la rencontre de Manuel Valls avec Zahia lors de la FIAC). C’est parfois un peu confus et dilué. C’est dommage parce qu’il y a de belles images. Notamment la mort de Mimi lorsque Camélia Jordana (qui s’avère être une bonne comédienne) pleure son amour pour Rodolpho et se calfeutre dans une montagne de matelas. La chanteuse est seule sur scène. Elle illumine le plateau.
Au moment des saluts les puristes crient au scandale. D’autres sont ravis de cette vision féérique et personnelle de l’œuvre. Guillaume Vincent aime mêler l’art contemporain à ses scénographies. On l’a connu plus à l’aise dans l’utilisation du plateau notamment dans La nuit tombe… Ici dans cette aventure musicale colorée et exigeante, dans ce bordel scénique, ce sont les chanteurs qu’il convient de saluer, héroïques autant dans l’instabilité musicale que dans l’instabilité de leurs déplacements sur le plateau.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
MIMI
Scènes de la vie de bohème
Librement inspiré de La Bohème de Giacomo Puccini
Musique Frédéric Verrières
Livret Bastien Gallet
Mise en scène Guillaume Vincent
Direction musicale Jean Deroyer
Chef de chant Jean-Yves Aizic
Scénographie James Brandily
Costumes Fanny Brouste
Réalisation informatique musicale Ircam – Robin Meier
Conseil gestuel Daniel Larrieu
Lumières Sébastien Michaud
Assistante à la mise en scène Tali Serruya
Collaboration artistique Marion Stoufflet
Avec
Pauline Courtin
Judith Fa
Christophe Gay
Christian Helmer
Camélia Jordana
Caroline Rose
l’Ensemble Court-circuit (10 musiciens)
Spectacle en italien, français et allemand
Durée : 1h45 (à confirmer)
Création le 14 novembre 2014 au Théâtre de Cornouaille – Scène nationale de Quimper.
Enregistré par France Musique
Production C.I.C.T. / Théâtre des Bouffes du Nord
Coproduction Croatian National Theatre Zagreb / Ircam-Centre Pompidou / Ensemble Court-circuit / Comédie de Reims – Centre Dramatique National / Théâtre de Cornouaille – Scène Nationale de Quimper – Centre de création musicale / Théâtre de Caen / Le Parvis, scène nationale de Tarbes-Pyrénées / Espace Jean Legendre, Compiègne – Scène nationale de l’Oise en préfiguration / Le Forum du Blanc Mesnil / Tandem Douai-Arras/Théâtre d’Arras / Compagnie MidiMinuit
Avec l’aide d’Arcadi Île-de-France – Dispositif d’accompagnements / Action financée par la Région Ile-de-France
Commande du C.I.C.T. /Théâtre des Bouffes du Nord et du Croatian National Theatre Zagreb
Aide à l’écriture d’une oeuvre musicale originale de l’État
14 novembre 2014 Théâtre de Cornouaille, Scène nationale de Quimper,
Centre national de création musicale
Théâtre des Bouffes du Nord
DU MARDI 18 AU MERCREDI 26 NOVEMBRE 2014
LES MARDI 18, MERCREDI 19, VENDREDI 21, SAMEDI 22, MARDI 25,
MERCREDI 26 NOVEMBRE À 20H30 ET DIMANCHE 23 NOVEMBRE À 17H
les 7, 8 et 9 janvier 2015 Croatian National Theatre Zagreb, Croatie
les 14 et 15 janvier 2015 Comédie de Reims
les 19, 20 et 21 janvier 2015 Théâtre d’Arras
les 29 et 30 janvier 2015 Le Parvis, Tarbes
les 3 et 4 février 2015 Espace Jean Legendre, Compiègne
le 8 février 2015 Théâtre Luxembourg, Meaux
les 13 et 14 février 2015 Grand Théâtre d’Aix-en-Provence
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