Jacques Bonnaffé et Olivier Saladin, deux clowns tristes, dissertent sur la vie. L’écriture acide et abstraite de Daniel Cabanis ne parvient pas à se déployer sur la scène malgré le talent des deux comédiens.
« Tu es plutôt sphère ou cube ? » Cette phrase est l’illustration parfaite de ce spectacle qui ne parvient jamais à décoller. Cette phrase ne veut rien dire et pourtant elle est drôle. Elle illustre bien l’humour de Daniel Cabanis, décalé et cérébral. Un humour qui nécessite un réelle clownerie sur scène pour que la saveur de l’écriture puisse se libérer. Mais Jacques Bonnaffé et Olivier Saladin incarnent deux personnages désabusés et tristes. Du coup leur jeu ne fait pas ressortir l’absurdité du texte, comme s’ils étaient prisonniers de cette écriture. Il y a un vrai problème de mécanique dans le spectacle qui ne dégage aucune puissance comique.
Jacques Bonnaffé et Olivier Saladin sont Mario et Mario, des sortes de Gilbert et Georges français, des clones des deux célèbres artistes anglais. Mario et Mario sont des plasticiens, un peu gauches avec leurs pantalons trop courts. Ils préparent une installation d’art contemporain et accrochent des rubans élastiques qui parfois sautent. Pendant le premier quart d’œuvre on est attentif à la fabrication de l’œuvre et cette concentration fait passer le texte au second plan. Cela n’aide pas du tout à rentrer dans l’humour de Daniel Cabanis. On a pas senti d’emballement et de montée en puissance. Les phrases s’emboîtent sans procurer beaucoup de bonheur. De temps en temps on frémit. « Quand je te regarde en biais, je vois ta laideur intérieure« . Et l’on se dit qu’il y a un vrai matériau pour faire un spectacle désopilant. Mais cet humour cruel avec ces deux clowns tristes plombent littéralement l’ambiance.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Trente-six nulles de salon de Daniel Cabanis
mise en scène et interprétation
Jacques Bonnaffé et avec
Olivier Saladin
scénographie et
collaboration artistique
Anne-Flore Cabanis
son
Bernard Vallery
lumières
Orazio Trotta
costumes
Astrid Vartanian
assistanat à la mise en scène
Marion Jeanson
direction technique et régie
Eric Da Graça Neves
production Compagnie faisan – Jacques Bonnaffé, avec le soutien du Théâtre du Rond-Point, de la Scène nationale Évreux – Louviers, de l’aide à la production – DRAC Île-de-France et du Fonds SACD Humour – One Man Show – La culture avec la copie privée, coréalisation Théâtre du Rond-Point
durée 1h10
Le Phénix à Valenciennes – les 16 et 17 octobre à 20h
Théâtre du Rond-Point
7 novembre – 6 décembre 2014, 18h30
relâche les lundis et le 11 novembre
du 13 au 25 janvier 2015 au CENTQUATRE-PARIS, dans le cadre du programme Prolongations
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