Le Théâtre de la Commune est totalement solidaire des intermittents et précaires qui se battent aujourd’hui pour empêcher l’agrément de l’accord UNEDIC du 22 mars. Cet accord pénalise les plus fragiles des professionnels du spectacle vivant, il appauvrit les pauvres, il s’attaque durement aux personnes en situation de précarité et de travail intérimaire, il ouvre la voie à une aggravation scandaleuse du traitement de tous les chômeurs en France. Déjà, dans notre pays, 6 chômeurs sur 10 ne sont pas indemnisés.
Chacun sait que le statut des intermittents du spectacle a fait l’objet d’un accord indigne en 2003. Chacun sait que ni l’esprit de justice, ni à vrai dire d’économie bonne, n’a présidé à cet accord. Des gens, professionnels, précaires, des gens ont travaillé depuis, à des propositions. Ce qui s’est passé là était remarquable: des gens ont dit, « nous sommes capables de penser par nous-mêmes une réforme bonne pour tous. Nous sommes capables de courage, et d’intelligence. Nous ne demandons pas le statu quo, nous sommes prêts à modifier ce qui ne va pas, et comme la plupart d’entre les hommes, ce qui nous importe à vrai dire c’est ce qui est juste, le sentiment de faire la bonne chose, par-delà nos intérêts petits. » Est-ce que c’est cette démonstration qui est insupportable? Savoir que les gens eux-mêmes sont capables de bien plus de subtilité et de souci de l’intérêt général que les représentants patentés de cet intérêt et de la bonne morale économique? En tout cas, ces propositions qui ont été soutenues par des parlementaires socialistes aujourd’hui au gouvernement, ces propositions qui existent, n’ont pas été ni même regardées. Un accord qui aggrave le sol pourri de l’accord de 2003 menace d’être agréé par le gouvernement. Et tout le monde sait que c’est lamentable, et aussi, tout simplement, bête. On prétend que c’est la règle des négociations sociales. Mais cela, cette règle, n’a plus effet de loi sur les gens, effet d’une loi que les gens puissent comprendre, et respecter parce qu’elle représenterait encore l’intérêt supérieur.
Nous irons à la grève, à la rage, nous verrons les plus petits qui n’ont rien à perdre se sacrifier parce que c’est encore au moins un acte. Les gens, au fond, cherchent toujours leur dignité. Qui peut croire qu’une politique de gauche soutiendra que ce sont là des douleurs nécessaires, un prix noble à payer pour quelque chose de mieux? C’est à cette seule condition qu’une politique de gauche peut demander aux gens de sacrifier un peu, voire beaucoup, de ce qu’ils ont. Et d’ailleurs souvent, les gens le font d’eux-mêmes. N’est-ce pas ainsi que dans les familles, dans les foyers, dans les lieux du travail n’est-ce pas ainsi qu’on s’organise déjà, pour le bien des plus jeunes, des plus vieux, des plus fragiles. On ne vous a pas attendus pour savoir que la crise est là et partout où les gens sont laissés à leur intelligence propre et à leur sentiment sûr de la fraternité, ils font déjà ce qu’ils ont à faire. S’il est vrai que vous voulez éviter le péril infect des extrémismes, regardez où est le soleil vrai de la politique et de son idée même: il est dans le coeur des gens que vous humiliez et méprisez.
Mais, là… Là, aucun sens, à part le pire, n’est en jeu. Et il faudrait qu’on collabore comme si nous étions d’accord?. Restera donc la rage, et la fierté triste de ne pas avoir accepté.
Je ne sais pas où ira le Théâtre de la Commune avec ça. Nous serons à Avignon, au coeur des circonstances, de dures circonstances si l’accord est agréé. Nous ferons ce que nous avons à faire, avec le plus d’empathie pour ceux qu’on blesse, et avec des actes. Mais je veux dire aussi que le moment est venu de se saisir de ces circonstances nulles pour en faire quelque chose que nous avons trop longtemps laissé courir. Sans doute entrons-nous dans une séquence longue de luttes mais aussi de travail nouveau. Il faudra que cette misérable affaire serve à quelque chose. Devant nous s’annonce la baisse des crédits, la réforme territoriale, le non désir voire la déclaration hostile à ce que nous sommes. Donc, à nous maintenant de dire: l’histoire, c’est ce qu’on en fait. Nous travaillerons donc, non pas seulement à résister, mais à inventer un courant nouveau et souverain. Il faudra de la méthode, de la rigueur, de l’obstination, et de la vérité donc du courage. Et je sais que nous ne serons pas seuls, des camarades directeurs, artistes, techniciens, syndicalistes, gens de la coordination, public, hommes et femmes de la vie, seront là. Après tout, entre autres, c’est les 50 ans du Théâtre de la Commune.
Quelle belle lettre Marie-José Malis! Je partage ton constat comme ta colère ou ta rage…Merci pour ces mots qui disent bien ce que je tambouille dans ma tête froissée, cabossée par ces coups francs d’un gouvernement qui nous lâche…
Merci d’imaginer qu’il faudra lutter encore lorsque tout ç aura pris fin d’une manière ou d’une autre, lutter et partager pour que l’espoir revienne d’un avenir meilleur…