Yvan Morane a adapté des textes de Jean-Luc Lagarce qui n’étaient pas destinés à être joués. L’esprit de l’auteur bisontin est présent, mais le spectacle manque d’émotion. Nous précisons que nous avons vu une première étape de travail, il manquait un élément technique dans l’une des scènes.
L’œuvre laissée par Jean-Luc Lagarce est riche de pièces dans lesquelles transpirent son combat pour la vie et son amour du théâtre. Yvan Morane est allé puiser dans onze articles et éditos parus dans les brochures de rentrée des théâtres du Granit de Belfort ou de l’Espace Planoise à Besançon. Comme dans ses pièces, on y découvre la même urgence d’écriture, et certaines phrases sonnent toujours très justes comme lorsqu’il évoque la nécessité de jouer encore et encore. Il dit « Il faut préserver les lieux du superficiel » en faisant référence à tous ces lieux de culture. Phrase éclatante qui prend une dimension particulière dans une actualité bien sombre pour l’avenir du théâtre et du spectacle vivant.
La mise en scène d’Yvan Morane est simple. Le comédien Jean-Charles Mouveaux navigue entre une table de maquillage et une valise de cet auteur qui « prend des autocars dans la brume« . La voix de Stanislas Nordey vient ponctuer le spectacle par moments. Ce sont des petits intermèdes censés réveiller la voix intérieure de l’auteur. La composition du personnage renvoie à nos yeux à une image trop mystique de la personnalité de Jean-Luc Lagarce, qui n’était pas celle là. Celle composée par Laurent Poitrenaux dans « Ebauche d’un portrait » est plus proche de la réalité. Jean-Luc Lagarce était une homme combatif et vigoureux, souriant.
Il ne se dégage finalement pas beaucoup d’émotion de ce spectacle qui met en difficulté le comédien, contraint de jouer souvent dos au public, ou même couché à même le sol (dans cette scène un dispositif vidéo viendra compléter la mise en scène). C’est assez inconfortable pour le public, si l’on ajoute à cela un problème de déplacement dans l’espace, on ne peut pas dire que l’on est rentré dans l’intimité qu’exige l’écriture de Jean-Luc Lagarce lorsque nous avons vu le spectacle en avant-première fin juin 2014 à trois semaines du Off à Avignon. La version de cet été devrait être différente scénographiquement.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Du luxe et de l’impuissance de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène :Ivan Morane
Avec Jean-Charles Mouveaux
Avec la voix Stanislas Nordey
Lumières: Ivan Morane
Coréalisation Les déchargeurs / le pôle diffusion en accord avec Réalités/Compagnie Ivan Morane / Production déléguée Réalités/Cie Ivan Morane – Jean-Charles Mouveaux
en partenariat avec Direct matin
durée : 1h15
Avignon 2014
du 5 au 27 juillet
(relâche le 16)16h – salle de la Chapelle
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