Lorsqu’il a écrit ce texte en préparant l’édition 2014 du Festival, Olivier Py, était loin de s’imaginer que son Orlando allait tomber à pic dans un festival militant dominé par l’avenir de la culture et celui du régime de l’intermittence. Car Orlando ou l’impatience est une pièce éminemment politique qui égratigne le pouvoir, et traite des relations ombrageuses entre le théâtre et les politiciens.
La pièce est une épopée onirique où l’on suit la quête d’un jeune homme (Mathieu Dessertine) à la recherche de son père (Philippe Girard), un metteur en scène avec lequel sa mère (Mireille Herbstemeyer) a fricoté durant l’inauguration du Cristal Palace. Mais elle ne se souvient plus vraiment avec qui ! Alors ce pauvre Orlando va errer de théâtres en théâtre et se casser le nez successivement face à un père désespéré, exalté, déshonoré, oublié puis recommencé.
C’est écrit à la sauce Olivier Py, avec emphase, avec réflexion, c’est parfois un peu long et délayé, surtout quand il aborde des thèmes qui lui sont chers comme le rapport à la religion et au mystique. Ce n’est pas ce que l’on préfère chez lui. On aime quand il est corrosif et persifleur et il y a de quoi faire dans cette pièce. Il introduit tout d’abord le personnage du Ministre de la Culture, tout le monde a reconnu Frédéric Mitterrand, Olivier Py affirme bien sur le contraire. Mais personne n’est dupe. Il s’agit bien d’un portrait au vitriol de celui qui l’a contraint à quitter le théâtre de l’Odéon en 2013. Ce ministre est homosexuel, déprimé, pas toujours concerné par la culture, et va finir par se faire opérer et changer de sexe. Le rôle est admirablement bien interprété par Eddie Chignara. La pièce traverse donc le thème du genre avec ce personnage du Ministre, mais aussi la liberté de choisir sa sexualité. Orlando est bisexuel et entretient une relation amoureuse fougueuse avec Gaspard (François Michonneau) – la scène dans le lit à Capri est très sensuelle. Il y a au milieu de tous ces personnages, une espèce de fou du roi campé par Jean-Damien Barbin, véritable métronome du spectacle. Il est ébouriffant de drôlerie et d’espièglerie.
La scénographie est composée d’une immense scène carrée sur roulettes qui n’arrête pas de tourner, avec des éléments de décors peints représentant des rues de New-York en noir et blanc qui bougent tout le temps, un peu trop par moment.
Certains pourront dire que l’écriture d’Olivier Py est facile, qu’il enfonce les portes ouvertes, mais il réaffirme dans sa pièce des idées essentielles sur la place du théâtre dans la société, sur la lutte des classes, sur la marchandisation du spectacle, et sur l’urgence de préserver la culture. Il s’agit là d’une pièce essentielle et politique qui fait écho à ce début de festival revendicatif, comme l’on souhaité les intermittents. D’ailleurs en ouverture, les comédiens font face au public, tandis que l’on entend pendant dix minutes un magnifique discours de Victor Hugo prononcé en 1848 à la tribune de l’Assemblée Nationale
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Orlando
Texte et mise en scène Olivier Py
Scénographie, décor, costumes et maquillage Pierre-André Weitz
Musique Stéphane Leach
Lumière Bertrand Killy
Avec Jean-Damien Barbin, Laure Calamy, Eddie Chignara, Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, Stéphane Leach, François MichonneauProduction
Production Festival d’Avignon
Coproduction Théâtre de la Ville-Paris, Théâtre National Populaire (Villeurbanne), Comédie de Genève, Festival Ruhrfestspiele de Recklinghausen, ARTE Concert
Avec le soutien de l’AdamiOrlando ou l’impatience est publié aux éditions Actes Sud-Papiers
Durée: 3 heures 15 avec un entracte
Avignon 2014
La FabricA
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14 15 16 JUIL
À 18H
Les 5 et 6 mars au Forum de Blanc-Mesnil
Les 17 et 18 mars 2015 à l’Espace des Arts de Châlon-sur-Saône
Du 24 mars au 2 avril au TNP à Villeurbanne
Du 8 au 18 avril 2015 au Théâtre de la Ville à Paris
Du 23 au 26 avril à la Comédie de Genève
Les 5 et 6 mai 2015 à Lorient
Le texte d’Olivier Py, Orlando ou l’impatience est publié aux éditions Actes Sud-Papiers.
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