Très belle dernière mise en scène de la saison au Théâtre de Châtelet. La comédie musicale de Rodgers et Hammerstein fonctionne à merveille, dans une très belle scénographie de Jean-Marc Puissant.
Une grande voile de bateau couvre toute la cage de scène, Anna débarque dans le Royaume du Siam, le saut dans l’inconnu à la Cour de ce roi autoritaire et polygame. Nous sommes au milieu du 19ème siècle, le siècle de la puissance des grands Empires. Et cette jeune anglaise veuve va tenter d’éduquer les nombreux enfants du Roi. « The king and I » a été immortalisé sur la toile par le grand Yul Brynner en 1956, puis à la télévision dans une série qui a été un gros succès dans les années 70. C’est Lambert Wilson qui reprend le rôle de cette grande fresque, de cette saga qui nous plonge dans le royaume du Siam (aujourd’hui la Thaïlande).
La scénographie du jeune français, Jean-Marc Puissant est grandiose et efficace. Des panneaux se croisent, montent et descendent dans les cintres d’une manière élégante et magnifiquement chorégraphiée, jamais jamais nous lasser. C’est comme un tourbillon de motifs colorés qui se transforme au gré des tableaux. La scène de la représentation d’une version théâtrale inspirée de « La case de l’oncle Tom » est un pur moment de bonheur. C’est à la fin du spectacle, lorsque l’esclave Tuptim en profite pour implorer le roi de lui rendre sa liberté. C’est vraiment du théâtre à l’intérieur du théâtre. C’est éblouissant et les costumes de Sue Blane sont chatoyants. La scène du bal est une pure merveille.
Il y a 50 comédiens sur scène avec beaucoup d’enfants du Chœur du Châtelet, tous très touchants et justes. Il y a d’ailleurs deux distributions en alternance, ce qui a contraint Lambert Wilson et les autres chanteurs adultes à travailler deux fois plus pour cette production. Cela se ressent sur la qualité de la voix de l’acteur. Il est en force, il a du mal à trouver le ton juste car il est contraint pour ce rôle de roi bourru et autoritaire de forcer sa voix. Mais il est porté par les voix féminines exceptionnelles de Susan Graham qui incarne Anna et surtout Je Ni Kim, jeune soprano du Centre National d’Artistes Lyriques. Elle déclenche des tonnerres d’applaudissements à chacun de ses airs, sa voix pure et cristalline donne la chair de poule.
Il y a de bons moments cocasses, comme lorsque le roi écrit au Président « Abraham Linkong » pour lui proposer des éléphants pour faire la guerre. Sur « Sha’ll we dance » la belle robe d’Anna tourbillonne et fait s’envoler les confettis. Cette romance s’achève par la mort de ce roi tyrannique et misogyne qui a tenté de s’adoucir un peu au contact d’Anna. On verse alors une petite larme.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
The King and I
Musique
Richard Rodgers
Livret et lyrics
Oscar Hammerstein II
Direction musicale
James Holmes
Mise en scène
Lee Blakeley
Décors
Jean-Marc Puissant
Costumes
Sue Blane
Chorégraphie
Peggy Hickey
Lumières
Rick Fisher
Le Roi de Siam
Lambert Wilson
Anna Leonowens (13-15m-17-19-21s-22s-24-26-27-29 juin)
Susan Graham
Anna Leonowens (en alternance)
Christine Buffle
Tup Tim
Je Ni Kim
Lun Tha
Damian Thantrey
Lady Thiang
Lisa Milne
Captain Orton
Joe Sheridan
L’interprète
Jean-Baptiste Phou
Le Karlahome
Akihiro Nishida
Phra Alac
Benoît Nguyen Tat
Sir Edward Ramsay
Robert Dauney
Orchestre Pasdeloup
Du 13 au 29 juin 2014
Durée 3h15 avec entracte
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