La 19e édition du Festival de Marseille, qui s’est ouverte le 19 juin dernier sur une représentation empêchée par un mouvement de grève, a certainement été la plus mouvementée depuis sa création en 1996. Sur les 24 représentations prévues seules 8 ont pu être jouées :
- Vertigo 20, première française de Noa Vertheim
- Mirror and Music de Saburo Teshigawara
- Gods and Dogs de Jiří Kylián ; Postscript de Sol León et Paul Lightfoot ; Cacti d’Alexander Ekman du NDT2
- Metric Dozen de Richard Siegal et Tamago de Leonard Eto et Yasuyuki Endo, deux créations mondiales du Ballet National de Marseille
- Diario de una crucifixión de Tino Fernández
- Bosque Ardora de Rocío Molina, avant-première à la création mondiale
Un chiffre surprenant quand on sait, par exemple, que 80% des représentations du Festival voisin Montpellier Danse ont pu être données. Dire que le Festival de Marseille a payé un lourd tribut à ce conflit est une évidence que rappelle sa directrice, Apolline Quintrand :
« Pour moi, il fallait adosser les revendications légitimes des intermittents aux œuvres des artistes et à leur prise de parole particulièrement politique et engagée cette année. C’est à cet endroit que se situait l’acte le plus fort en termes d’engagement, de résistance, de fraternité. Malgré l’’envie de jouer des artistes, toutes nos tentatives de dialogue se sont heurtées à l’inflexibilité d’une partie de nos salariés et de leurs appuis syndicaux qui ont, par exemple, violemment interdit au public d’accéder à un spectacle où se produisaient, avec une majorité de techniciens non-grévistes, de jeunes danseurs colombiens venus pour la première fois en Europe. Et que dire de la fin de non recevoir qu’ont vécu les danseurs palestiniens ou sud-africains…
J’observe également que le Festival de Marseille a été soumis à des pressions démesurées pour une association loi 1901 subventionnée, engagée artistiquement et qui, ces dix dernières années, a assuré plus de 70 000 heures de travail aux techniciens du Festival dans des conditions de sécurité et de respect intégral du droit du travail. »
Ces annulations, conséquences directes du mouvement de contestation des intermittents du spectacle, ont eu des répercussions importantes sur le contenu artistique du projet et sur les finances de la structure. Ont été particulièrement touchées :
- La billetterie : 5000 places vendues sur les 15 000 initialement disponibles, soit une perte de recette de 120 000€.
- La Charte culture : seules 800 places à 1€ sur les 2000 disponibles ont pu être attribuées au public des mairies de secteur signataires de la Charte culture du Festival qui garantit, grâce à un partenariat avec ARTE, l’accès à la Culture à des personnes en situations de précarité.
Plus encore, ce sont près de 210 000 €, engagés en coproductions et cessions qui ont été investis à perte sur le budget du Festival qui s’élève à 1 800 000 € dont une grande partie provient de ses différentes tutelles : Ville de Marseille (1 330 000 €), Région Paca (120 000 €), Conseil Général 13 (50 000 €), Drac Paca (53 000 €), de divers partenariats (environ 50 000 €) et de ses recettes de billetterie (200 000 €). D’après communiqué de presse.
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