Le festival 2013-2014 fait partie de ceux qui célèbrent un compositeur, comme ceux que nous avons consacrés à Janácek (2004/2005), Offenbach et Kurt Weill (2005-2006), Tchaïkovski (2009-2010), Mozart (2010-2011) et Puccini (2011-2012). Cette saison, j’ai choisi de dédier le festival à Benjamin Britten, dont 2013 marque le 100e anniversaire de la naissance : il était né le 22 novembre 1913.
Depuis longtemps, l’Opéra de Lyon a bien servi Britten ; je ne rappellerai que la production mythique du Songe d’une nuit d’été mise en scène par Robert Carsen qui a connu ici plusieurs reprises de 1994 à 2008.
Lors de ce festival Britten, nous représenterons trois opéras du compositeur, pour le saisir à trois périodes-clés de son parcours créateur : Peter Grimes, Le Tour d’écrou et Curlew River.
Peter Grimes a été le premier grand succès public de Britten, un triomphe même, lors de sa création à Londres en juin 1945, marquant la renaissance de l’opéra anglais. Près de dix ans après, en septembre 1954, c’est à Venise qu’est créé Le Tour d’écrou ; dix ans encore et, en juin 1964, c’est la création de Curlew River, dans le cadre du festival d’Aldeburgh.
Ces trois ouvrages sont emblématiques de l’évolution – musicale, esthétique – de Britten. Dans cet intervalle de vingt ans, il met en œuvre une économie et une concentration des moyens fascinantes ; passant du grand effectif orchestral et choral de Peter Grimes, à la richesse subtile des timbres de l’ensemble de treize instrumentistes du Tour d’écrou, puis aux couleurs encore plus rares – parfois discrètement orientales – qu’il confie aux sept instrumentistes de Curlew River.
Ces trois opéras s’inscrivent parfaitement dans la dramaturgie thématique qui sous-tend la saison : Vérités qui dérangent. Peter Grimes ou Peter Quint, la Gouvernante ou la Folle, Miles ou l’Esprit de l’enfant… : les personnages qui sont au centre des trois ouvrages ont tous – au-delà du bien et du mal – une vérité profonde mais ambivalente, qu’on ne peut pas saisir totalement, qui dérange l’ordre du monde, qui le bouleverse, qui nous bouleverse.
Et c’est peut-être ce mélange de force et de subtilité, de violence et de sérénité, ces oppositions et ces contradictions qui font de Britten – musicien et dramaturge – un des grands maîtres de l’opéra et, un siècle après sa naissance, notre contemporain. Edito de Serge Dorny, Directeur général
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