Nicolas Liautard adapte Le Mépris, le roman de Moravia, il s’est appuyé aussi sur le scénario du film de Jean-Luc Godard. Une pièce sur l’intégrité de l’homme, sur sa capacité à dire non. Un magnifique thème pour le théâtre, mais on a du mal à oublier Michel Piccoli et Brigitte Bardot, du coup notre sentiment est mitigé.
Nicolas Liautard a fait le choix d’un dispositif bi-frontal, au centre deux boxeuses s’entrainent dans un gymnase. Le décor est planté, le plateau sera celui de la lutte, la lutte pour conserver l’amour, la lutte pour résister au pouvoir de l’argent. Dans la pièce le personnage central (qui s’appelle Paul chez Godard et Riccardo chez Moravia) n’a pas de nom. Pour subvenir à ses besoins matériels, et notamment ceux de sa femme, il a besoin de travailler, alors il accepte d’écrire ce scénario sur Ulysse. Tiraillé entre le réalisateur et le producteur, il se laisse entrainer à Capri. Mais au fond de lui il n’a pas envie d’écrire ce scénario. Son truc à lui, c’est le théâtre. « Ce renoncement, je le fais pour toi » dit-il à sa femme qui s’éloigne peu à peu de lui pour se rapprocher du producteur. Finalement il choisit de ne pas suivre le désir des autres. Il résiste pour tenter de mener à bien sa vocation pour le théâtre.
Résister, dire non à l’argent, Nicolas Liautard en a fait l’expérience dans sa carrière en renonçant à certains contrats pour suivre son idéal. C’est ici le cœur de la pièce. Mais comme la dramaturgie s’appuie sur deux monuments de la culture, il est difficile de ne pas chercher à se raccrocher au roman et au film. Du coup on a trouvé l’interprétation des comédiens un peu en retrait. C’est sec et cela manque d’incarnation (surtout dans les scènes dans lesquelles le couple se décompose et se recompose) . Sans compter que le spectacle est un peu trop long (2h30) et que les interrogations du personnage central interviennent tardivement. Cette partie éclairante du spectacle passe alors au second plan alors que Nicolas Liautard dit des choses essentielles sur les ambigüités de notre société.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le Mépris)
librement inspiré des œuvres de Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante, Pétrarque, Hölderlin
conception du spectacle Nicolas Liautard
avec
Jean-Yves Broustail
Jean-Charles Delaume
Aurélie Nuzillard
Fabrice Pierre
Wolfgang Pissors
Marion Suzanne
son Thomas Watteau
administration Magalie Nadaud
diffusion Estelle Delorme
production La Nouvelle Compagnie
coproduction La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne
avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Ile-de-France, du Conseil général du Val-de-Marne et d’Arcadi
durée estimée 1h30
La Scène Watteau, Place du Théâtre, Nogent-sur-Marne,
lundi 6, mardi 7, mercredi 8, jeudi 9, lundi 13, mardi 14, mercredi 15, mercredi 22,
jeudi 23 janvier 2014 à 20h30, dimanche 12 janvier à 16h à La Scène Watteau
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